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Victor RECASENS

Cinq hommes sur un vélo

Non content de constituer une solution pour le transport en ville, le vélo est l’outil rêvé pour le voyage, et un vecteur idéal de rencontre et de sociabilisation. C’est ce qui ressort de ce récit de voyage à vélo de cinq bras casés à travers la France et l’Allemagne, écrit pour Boudu par un Tarnais de 20 ans, étudiant à l’université Jean-Jaurès. Un récit drôle et touchant, à la Jerome K Jerome.


C’est devenu une tradition pour mes amis et moi. Chaque été, on met trois fringues dans nos sacoches, et on part à vélo en itinérance. L’été dernier nous sommes partis vers Strasbourg par l’Allemagne, au départ de Saint-Sulpice-la-Pointe. Le but de l’aventure, en plus des beaux paysages, est de rencontrer des gens qui nous offrent un pot au bar ou nous hébergent sur un coup de tête. En 24 jours chrono.


Saint-Sulpice, 9 heures. On perd déjà 20 minutes à réparer le porte-bagages de Mikael qui est tombé en pièces. On passe par Graulhet, puis Réalmont où l’on se pose au bar après 40 kilomètres (150 km ressentis). Quand Mathieu résume le cadre du voyage à une cliente du bistrot, on sent bien que c’est pas gagné : « On part en voyage. On a deux asthmatiques, Mikael, un fumeur qui arrête, Pierre, qui a deux tendinites aux chevilles, et moi qui roule sur un vélo taille enfant. » Après une montée, on aperçoit le lac de La Bancalié où l’on passe la nuit. Un couple de retraités nous offre deux bouteilles d’eau et un camembert. On s’installe à la belle étoile, le ciel est dégagé. Ça y est, on se sent vraiment en vacances.

Sur la route d’Alban, un tronçon est à découvert. On fond comme du beurre au soleil et je finis par faire un malaise. À l’arrivée, c’est un véritable naufrage. Tout le monde est K.O.. On va au bar prendre un café. La gérante est adorable. Elle finit même par nous offrir une bouteille de rouge. On repart sous un soleil de plomb mais requinqués.

Le soir, à Réquista, on se pose au bar Chez Maurice, dans une ambiance étrange, presque religieuse. Un habitué, l’adjoint au maire, se fait servir son café sans dire un mot. Des jeunes saluent le barman et vont se servir eux-mêmes au comptoir. D’ailleurs, le barman a disparu. Il réapparait quelques minutes plus tard sur une mobylette en roue arrière, dans un vacarme assourdissant. Les clients assistent à la scène, impassibles. Lunaire. Une fois installés dans un parc que l’adjoint au maire nous a ouvert, on se douche au lavabo dans les vestiaires, avec nos gamelles. Qu’importe la manière, tant qu’on est propres à la fin…

Réveillés tôt par un chantier le lendemain, on repart vite. Le soir, à Vézins-de-Lévézou, après s’être posés dans un parc assez moche avec des Allemands qui nous regardent mal depuis leur camping-car, on croise Frank et Nathalie, un couple adorable qui nous invite à dîner. Installés dans l’ancienne école du village qu’ils rénovent, ils nous proposent une douche - sans eau chaude mais on ne se plaint pas - et un toit. Ils nous prêtent leur barbecue pour nos saucisses, et on finit le repas à la mirabelle de pépé pruneau/hibiscus. Nathalie est infirmière. Elle donne à Pierre des conseils pour soigner ses tendinites, et lui file quelques médicaments.



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