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Ethnovalie : Francis Duranthon

Dernière mise à jour : 10 janv.

Directeur du muséum de Toulouse, le paléontologue Francis Duranthon est fils de treiziste et ancien trois-quart centre du XV de Souillac. Cela faisait de lui l’interlocuteur idéal pour nous expliquer la raison d’être de l’exposition Naturellement rugby, sise au muséum le temps de la Coupe du monde.



Francis Duranthon, que vient faire le rugby dans un muséum d’histoire naturelle et d’ethnologie ?

À Toulouse, il est naturel de parler rugby. Ne pas le faire demanderait finalement davantage de justifications.


Est-ce la première fois que le rugby passe la porte du muséum ?

Il y a un précédent : une exposition réalisée en marge de la coupe du monde 2011, sous l’impulsion des équipes de médiation. Le muséum de Toulouse est par ailleurs lié à l’histoire du rugby : le 21 avril 1952, les représentants de 465 clubs du pays se sont réunis dans l’amphithéâtre du muséum – aujourd’hui théâtre Sorano -, à l’occasion d’une grande fronde des clubs contre la fédération nationale et les instances britanniques…


Pourquoi au muséum ?

Sans doute parce que les grandes salles susceptibles d’accueillir autant de monde étaient rares à l’époque.


Quel lien l’exposition 2023 établit-elle entre rugby et nature ?

La presque totalité des équipes nationales de rugby de la planète a un animal ou un végétal pour emblème. Coq français, fougère néo-zélandaise, poireau gallois, springbok sud-africain etc. Comme le rugby est présent partout dans le monde, c’est pour nous un formidable prétexte pour mettre en avant nos collections. Le muséum de Toulouse abrite des pièces venues du monde entier. Je pense notamment à notre collection ethnographique riche d’objets maoris, australiens, et de toute l’Océanie, région phare du rugby.


À quoi l’expo ressemble-t-elle ?

Autour de pièces en lien avec les emblèmes de chaque XV national, elle explore les facettes historique, géographique, biologique, sociétale et ethnologique du rugby. Les naturalistes comme les amateurs de rugby y trouvent leur compte. Et les Toulousains autant que les supporteurs de passage. C’est ludique,instructif, et fidèle à notre vision d’un muséum d’histoire naturelle.


Quelle est cette vision ?

Le muséum de Toulouse est à visée universaliste. Nous ne sommes ni strictement toulousains, ni partisans. Nous restons fidèles à l’esprit originel des muséums, créés pour la plupart dans la continuité des Lumières. Il est donc évident pour nous d’aborder le sport, comme tout autre sujet qui renseigne sur les enjeux de société. Le rugby a souvent accompagné, voire précédé, l’évolution de la société.


Exemple ?

L’exposition montre bien la contribution du rugby à l’abolition de l’apartheid au début des années 1990. S’intéresser au rugby, c’est donc s’intéresser au sort de ses contemporains. Les pratiques sportives d’une société en disent long sur elle. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, en Afghanistan, le sport n’existe plus. Le rugby est emblématique de cette dimension sociétale du sport, parce qu’il favorise la rencontre et le dialogue des cultures. Quiconque a déjà joué au rugby et participé à une troisième mi- temps sait bien cela !


Est-ce votre cas ?

J’ai joué à XV à Souillac, dans ma jeunesse. Mon grand-père était arbitre de rugby dans les années 1930. Mon père a joué à XV, puis à XIII, à Villefranche-de-Rouergue. Il se plaisait à raconter que quand ma mère était enceinte, elle venait le voir jouer et se montrait particulièrement exubérante. Il disait l’avoir observée depuis le terrain, gesticulant dans tous les sens. J’aurais donc pu naître dans les gradins du stade, sous les coups des émotions rugbystiques de ma mère !

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