“Je suis une pièce deux fois rapportée. Je suis arrivée à 24 ans pour passer le CAPES d’histoire, puis je suis revenue il y a huit ans après un intermède administrativement imposé à Marseille. Me promenant sur la place du Capitole, je m’étais arrêtée, stupéfaite de me sentir aussi bien. Je me suis alors rendue compte à quel point j’avais été tendue, aux aguets durant mes six ans à Marseille. Ici je goûte depuis huit ans une douceur de ville. La ville dans laquelle tout le monde remercie les chauffeurs de bus en descendant. Dans laquelle les mercis ne sont pas balayés par de tristes « de rien » comme dans mon pays natal, mais par un si juste et joli « avec plaisir ». La ville change, elle est un organisme vivant. Personne ne prétend la mettre sous cloche. Elle reste sale. Ses pistes cyclables sont tracées par un non voyant qu’on les fait slalomer sur les trottoirs entre arbres et terrasses de café. Comment je l’espère ? Unie. Festive. Conviviale. Pleine de ces aménités urbaines prétendant limiter le stationnement assis avec ces bancs anti-SDF. Avec ces horribles furoncles des parkings des carmes et Victor Hugo enterrés. Avec des élus à la hauteur, luttant enfin contre l’homophobie, l’antisémitisme, le sexisme. Une ville ne se traite pas à la découpe.”
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