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“J’ai vu la Cop 27”

Dernière mise à jour : 17 janv.

Sélectionné par l’École Normale Supérieure pour participer, en tant qu’observateur, à la dernière COP 27, le Toulousain Rémy Giacobbo raconte ces 12 jours en Egypte dont il est revenu pas complètement rassuré. 



Comment s’est déroulé votre voyage ? Plutôt bien. Les officiels se méfient des journalistes et des activistes mais pas des étudiants observateurs. Au début, c’était très protocolaire et les choses se sont accélérées la deuxième semaine où les réunions informelles se sont multipliées, jusque tard dans la nuit, pour trouver des alliés susceptibles de défendre leurs positions. C’était comme une cour de récréation !


Qu’est-ce qui vous a surpris, sur place ? En arrivant à Sharm El-Sheikh, on se demande comment un sommet sur l’environnement peut se tenir dans un endroit aussi hors-sol. Tout sonne faux dans cette ville ! C’est Los Angeles dans le désert africain. La Mosquée jouxte le casino, il y a des plages privées juste à côté de piscines d’eau douce alors que la région du Sinaï est en plein stress hydrique. Pile en face de la Cop 27, il y avait un terrain de prospection immobilière où ils projettent de créer une mini Venise avec des canaux assez grands pour accueillir des yachts.


Comment décririez-vous l’état d’esprit de cette Cop 27 ? Même si António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a évoqué le fait que l’on avait le choix entre coopérer et périr, j’ai ressenti une certaine inertie. Tout le monde a répété vouloir tenir l’accord de Paris… comme s’il était implicitement remis en question ! Le ministre de l’économie japonais a par exemple déclaré être « favorable au maintien de principe » tout en précisant qu’il fallait « maintenir les efforts pour que l’économie ne soit pas mise en péril » … Et ce n’était pas le seul à pondérer l’importance de l’impact climatique.


Des motifs de satisfaction tout de même ? Il y a eu de petites victoires assez touchantes. J’ai vu des négociateurs se tomber dans les bras suite à un accord de mention des droits de l’Homme dans un article. Et il y a eu l’accord de principe à propos du fonds de compensation pour les pays touchés par l’inaction climatique. Mais les signatures de principe ne sont pas des ratifications de traités.


Des rencontres marquantes ? Oui, beaucoup. Des experts, des négociateurs… J’ai même pu échanger avec la représentante russe lors d’une réunion informelle. Elle était seule. Les Occidentaux et les représentants du G77 (le tiers monde + la Chine) s’étaient retirés pour discuter entre eux. Elle m’a expliqué que c’est récurrent, même quand la Russie n’est pas en guerre.

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