On en connaît plein des comme Baudelaire, qui voudraient que la poésie n’ait d’autre but qu’elle-même. Hélas pour eux ils sont aussi touchants que minoritaires, aujourd’hui que la poésie « investit les espaces » et « interroge le réel ». Investir et interroger, c’est précisément ce que proposent ce mois-ci l’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public, et le Théâtre Garonne, au cours de deux soirées exceptionnelles à l’enseigne des Nuits Bleues #5. Dédiées aux arts poétiques, ces dernières entendent accompagner le spectateur à travers le solstice d’hiver avec, nous promet-on, des expériences atypiques par leur durée, leurs lieux et leur rapport à l’espace ou au public. La programmation abondante de ces soirées nous interdisant d’en mentionner les détails, on retiendra par exemple la lecture de Pascal Quignard par la comédienne Marie Vialle (tous deux complices à la scène depuis près de 15 ans), et le concert de Michel Cloup (dont le nom parlera aux fans de Diabologum) et de la plasticienne Béatrice Utrilla, aboutissement de deux mois de résidence à l’Espace Croix-Baragnon. Sans oublier Heaume animal, installation louche et belle des Souffleurs commandos poétiques, consistant en l’apparition et la disparition de créatures hybrides à corps humains et tête de bête sauvage. Images baroques et percutantes balançant entre canular potache et cauchemar lynchéen. À voir, peut-être. À expérimenter, sans aucun doute.
Nuits Bleues – vendredi 22 décembre au théâtre Garonne (Toulouse) à 19h / samedi 23 décembre à l’Usine (Tournefeuille), à 18h
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