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Matabiau

Dernière mise à jour : 31 janv.

Autour de la gare, théâtre du chagrin des départs et des effusions des retrouvailles, l’esprit village du quartier résiste aux mutations du projet Grand Matabiau. Un prodige que l’on doit à ses habitants, ses musiciens, ses comédiens, et ses précurseurs des tapas ou des radios libres.


Photos : Orane BENOIT



C’est où ?

Le quartier Matabiau s’articule autour de la gare. Son nom vient de l’occitan mata buòu (tuer le bœuf), en référence au supplice subi par le Saint-Saturnin, premier évêque de Toulouse, attaché à la queue d’un taureau et trainé par l’animal jusqu’à son dernier souffle.

quartier matabiau de Toulouse

Lassus révélateur

Chez Francis Lassus, la porte d’entrée est toujours ouverte ! Pendant le Covid, tous ses voisins artistes sont passés par son salon-studio d’enregistrement pour faire montre de leur talent sur La vie d’artiste, un projet collaboratif. Celui qui a grandi dans les bals de village autour de Pau, le revendique : « La musique, c’est avant tout du partage. C’est pour faire danser les gens ! » Sur les traces de son père, il devient batteur très jeune et collabore avec de grands noms de la chanson française, dont Claude Nougaro. « À l’époque mon père jouait des chansons de Claude. À 8 ans, il m’a amené à Toulouse pour le voir en concert. À la fin, j’ai dit à mon père : “Plus tard, je jouerai avec eux”.» Se crée au fil des ans un lien fort avec Claude Nougaro : « Il a écrit un jour que je n’étais pas son fils, mais qu’il méritait d’être mon père. » C’est même lui qui pousse Francis Lassus à composer. Après avoir géré le premier orchestre français de batteries Les élégantes machines pendant 30 ans, il collabore aujourd’hui avec de nombreux artistes comme la romancière Léonora Miano ou la chanteuse chilienne installée à Toulouse Ely Pineda. En parallèle, il se produit en solo avec son projet Lassus Révélateur.

Francis Lassus

No future

Il y a pile 40 ans, une bande de jeunes toulousains insouciants et déterminés à foutre le bordel, créaient la radio FMR, dans le sillage de l’ouverture des ondes souhaitée par François Mitterrand. Première radio libre estampillée punk à émettre dans la Ville rose, elle y fit souffler un vent de fraîcheur et de liberté dont les plus de 40 ans se souviennent encore. En novembre 2021, pour le numéro 62 (à retrouver sur boudulemag.com), nous avions récolté tout un tas de souvenirs et d’anecdotes. Philippe Frézières, longtemps président de la radio nous racontait dans une interview : « Une chose est sûre : avec tout ce que l’on disait, ou laissait dire, sur FMR, on serait tous en prison aujourd’hui ! »

Radio FMR

© Rémi Benoit


Giscard destin

Au numéro 25 de la rue de la Colonne, trois singes posés sur le toit veillent sur le quartier. Il s’agit de l’ancien atelier de la Maison Giscard. Une fabrique d’ornements architecturaux et religieux en terre cuite fondée en 1855 par Jean-Baptiste Giscard, inscrite depuis 1998 à l’inventaire des Monuments Historiques. À son apogée dans les années 1920, la fabrique compte une cinquantaine d’ouvriers. Mais à partir des années 1950, l’activité ralentit jusqu’en 2005 lorsque Joseph Giscard, dernier descendant de la famille, lègue l’édifice à la Ville de Toulouse qui le restaure. Plus de 2 000 personnes ont découvert l’histoire de la Maison Giscard à sa réouverture, lors des Journées du patrimoine de septembre dernier.

Au numéro 25 de la rue de la Colonne, trois singes posés sur le toit veillent sur le quartier.

L’arche de José

La médiathèque José-Cabanis, du nom d’un écrivain avocat et académicien toulousain, est érigée à l’emplacement de l’ancienne école vétérinaire de Toulouse au bout des allées Jean-Jaurès. José Cabanis a notamment obtenu le prix Renaudot en 1966 pour son roman La Bataille de Toulouse et le Grand Prix de Littérature de l’Académie française en 1976 pour l’ensemble de son œuvre. Cet imposant bâtiment en forme d’arche, de 35 mètres de haut et d’une surface de 13 500 m2, a ouvert ses portes en 2004. Il accueille plus de 2 000 personnes tous les jours.

arche José cabanis

Woof woof !

En 2006, Corinne Calmels, avec sa compagnie Les amis de Monsieur, cherchaient un local pour répéter. D’un garage atelier situé rue du général-Compans, nait alors le petit Théâtre du Chien blanc. « Un soir, on s’était réunis pour trouver le nom du théâtre. Et en partant, j’ai oublié mon petit chien dans la rue. Sur la route du retour, j’avais tellement peur de l’avoir perdu que je me suis dit “Si je le retrouve, on appellera le théâtre, le Théâtre du Chien blanc!”. » Dans une petite salle rétro à l’esprit cabaret, des compagnies jouent devant une quarantaine de personnes. Le plus : l’accord mets et spectacle proposé par le chef les soirs de représentations.

Théâtre du Chien Blanc

Pause nature

L’endroit est bucolique. « Un petit cocon à la déco intimiste ! », rapportent des clients. Au bord du canal, cette ancienne maison éclusière réhabilitée en guinguette (Museau-Musette) a de quoi séduire. On en oublierait presque qu’à deux pas bouillonne l’une des gares les plus fréquentées de France. Dans le quartier, se trouve aussi La Mesa de Lola. La rumeur dit qu’ils ont été les premiers à servir de vraies tapas à Toulouse.

éclusière canal du midi

Laissez-nous chanter

Francis Cabrel, Claude François, Johnny Hallyday, Dick Rivers, Antoine, Hugues Aufray, Lara Fabian, Mike Brant, Michel Sardou, Daniel Balavoine ou encore Jean Pierre Mader et Gold, la liste est longue ! Tous sont passés par le Studio Condorcet. Mythique studio d’enregistrement créé dans les années 1970, démoli en septembre 2020 dans le cadre du réaménagement du quartier.

© Rémi Benoit


Viens boire un p’tit coup à la maison

Sur la terrasse du Bistrot du coin, tout le monde se claque la bise. Ce petit bar de quartier a été repris par Yann, ancien barman de la Grainerie, il y a quelques mois. « Ici, quand on vient seul on repart à 8 ! » Pour son ouverture, Francis Lassus a composé une chanson sur le Bistrot du coin avec la participation vocale de tous les voisins.

Bistrot du coin, quartier Matabiau

Bordelais en prem’s

En 1856, le premier train à entrer en gare de Toulouse-Matabiau provenait de Bordeaux. Depuis, le paysage urbain du quartier n’a cessé d’évoluer. La gare actuelle, tout juste rénovée, date du début du XXe siècle. Son bâtiment de style classique a été conçu par l’architecte Marius Toudoire. Aujourd’hui, avec le projet Grand Matabiau Quais d’Oc, le quartier est en pleine mutation.

Gare Matabiau
 

7_questions à Souhayla Marty, maire du quartier Matabiau et Marengo

L’esprit du quartier ? Il est limitrophe du centre-ville, donc très dynamique. C’est le quartier de la gare, donc très populaire, avec une belle mixité.

Ses points forts ? La proximité du centre et la diversité des transports en commun. Et, bien sûr, son charme, avec le monument de la gare Matabiau et les abords du canal du Midi qui donnent un esprit bohème.

Un lieu ? La maison éclusière, restaurée il y a deux ans, qui accueille la guinguette Museau Musette. J’adore son charme bucolique. C’est devenu un lieu emblématique alors que c’était jusqu’alors un lieu de passage.

Un petit plaisir ?  Me poser un moment chez Museau Musette en fin d’après-midi pour boire une bière et débriefer, comme le font beaucoup d’habitants du quartier.

Un moment dans la journée ? Au petit matin, quand je passe par Marengo c’est plutôt calme, et aux abords de la gare c’est très dynamique. Et puis le mercredi en fin d’après-midi, avec le marché de plein vent et la médiathèque qui grouille d’enfants. On est au cœur de la ville, mais on a l’impression d’être dans un village.

Une couleur ? La couleur de la brique qui accompagne le cheminement des Toulousains dans les rues de la ville, et qui est particulièrement présente dans le quartier.

Un projet ? Sans hésiter, le projet du Grand Matabiau, avec notamment le réaménagement de l’avenue de Lyon.

Souhayla Marty, maire du quartier matabiau

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