Dans une époque qui n’en a que pour les premiers de cordée, aimer les seconds couteaux est un acte de légitime défense. Osons donc préférer Dean Martin à Sinatra, Belmondo à Delon, Poulidor à Anquetil, Boudu à La Dépêche, (Tibo Inshape à Squeezie même, s’il le faut) et par-dessus tout Mathieu Boogaerts à Matthieu Chedid. Ces deux auteurs-compositeurs-interprètes quasi quinquas qui frayèrent de conserve à l’adolescence dans le groupe Tam-Tam, ont effectivement connu des destins différents : à Boogaerts les succès d’estime, à Chedid les Zénith pleins.
En 25 ans de musique, Mathieu Boogaerts a pourtant échafaudé l’une des œuvres les plus cohérentes, les plus balancées et les plus touchantes de la chanson française contemporaine. Une œuvre minimaliste, tout en allitérations chuchotées, bourrée de pépites qui, si ça avait bien voulu sourire, auraient pu devenir des tubes : « Quand je termine une chanson, généralement, je suis content. Je suis persuadé que je vais en vendre des milliards », nous confiait-il le mois dernier par autodérision et par téléphone.
L’avantage, c’est que plutôt que de l’apercevoir de loin dans un Zénith ou de l’ouïr mal dans un stade, on pourra le voir de près et bien l’entendre ce mois-ci à la Cave Poésie. Un passage que l’on doit au hasard et à la flemme de rentrer à l’hôtel : « Lors de mon dernier passage à Toulouse, au Rex, comme je n’avais pas sommeil, j’ai fini la soirée avec une copine toulousaine à la Cave Poésie. J’ai trouvé l’endroit très agréable et je me suis promis de revenir y jouer ». Rien que pour ça, ça vaut le prix du billet.
Matthieu Boogaerts à la Cave Poésie, le 24 juin à 20h30
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