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BOUDU

Pris au piège – Thierry Garrigues

Dernière mise à jour : 18 janv.

Les paysans, dont le travail se pense sur le long terme, s’accommodent mal des hoquets soudains du climat. Exemple avec Thierry Garrigues, qui produit des kiwis à Senouillac, dans le Tarn. Ces deux dernières années, il a perdu une partie de sa récolte à cause du gel. Inquiet face à la crise climatique, il constate la faible réactivité des arboriculteurs, contraints de s’adapter alors que la culture des arbres fruitiers se fait sur un temps long.



«Le kiwi est extrêmement sensible aux fortes chaleurs, au vent, au gel, aux inondations : il ne supporte pas les excès du climat. Cette plante-liane vient de Chine : à l’origine, elle pousse à l’ombre des arbres, protégée du vent et sur des sols riches. Le kiwi a été introduit en France dans les années 1975, mes parents ont ainsi planté leur premier verger en 1983.


« Il faut produire 20 ans pour rentabiliser l’investissement »

C’est un fruit qui est techniquement difficile à produire mais qui présente l’énorme avantage de ne pas développer de maladies et qui, bien sûr, est compatible avec le climat de notre région : on ne verrait pas de kiwis au nord de la Loire, ni au sud de l’Espagne… Mais deux années de suite, en 2021, et 2022, la production de Kiwis a été impactée par le gel. Le dernier épisode de gel aussi destructeur remontait à 1991. Quand on est arboriculteur, on a l’habitude de s’adapter : on sait qu’on ne maîtrise pas le climat, mais là, l’évolution a été très rapide. Les épisodes climatiques extrêmes se sont multipliés alors que notre réactivité est très limitée. Il faut imaginer qu’un verger de kiwis met sept ans avant de produire. En arboriculture, quand on se lance, on sait qu’il faut produire pendant 20 ans pour rentabiliser notre investissement. On est comme pris au piège. Il faut rester optimistes, mais nous sommes en pleine incertitude. Il faut bien comprendre que la question de l’eau est centrale car c’est la clé de notre adaptation aux aléas climatiques. La prise de conscience doit être sociétale : nous avons besoin d’eau pour produire à manger : nous ne sommes pas en train d’arroser la pelouse ! Il y a donc nécessité d’entamer une réflexion à propos des réserves collectives, sur l’utilisation des eaux usées pour l’agriculture, par exemple. En zone rurale, cette prise de conscience se fait plus naturellement car tout le monde fait pousser quelque chose à manger dans son jardin. »


 

La douche anti-gel Face aux gelées de mars-avril, les producteurs de kiwis doivent se tenir prêts à asperger la plante, la nuit, pour qu’elle se maintienne à zéro degré. Cette technique de protection qui transforme l’eau en glace fondue permet de faire face aux petites gelées jusqu’à -6°C. Au-delà, la plante ne survit pas. Si l’épisode dure plusieurs jours, l’excès d’eau est néfaste. Sur les nouveaux vergers, les producteurs anticipent en configurant la plantation des parcelles de façon à permettre un meilleur écoulement des eaux pluviales ou des inondations.


Le bassinage anti-coups de chaud  Le kiwi supporte mal la canicule. Le risque c’est le coup de chaud : la plante se met en position de survie et ferme ses feuilles. Il faut alors lui procurer de la fraîcheur en l’aspergeant d’eau : c’est le bassinage, qui permet de sauver les fruits ou de leur assurer un calibrage correct.

 

Vous saurez tout sur le Kiwi La France est le 6e producteur mondial de kiwis. En tête : la Chine, l’Italie, la Nouvelle-Zélande. 75 % des kiwis français (variété Hayward) sont produits dans le Sud-Ouest, principalement dans le Tarn–et-Garonne, les Landes et la région du Gave de Pau, grâce au climat océanique, au sol fertile et humide, et à l’ensoleillement. Riche en vitamine C, B9 et source de potassium, il est récolté à l’automne, et peut être mangé tout l’hiver après une période de maturation de 6 semaines.

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