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BOUDU

Supermarchouette – La Chouette Coop

Le bâtiment vert de La Chouette Coop éclaire les rues du quartier de Marengo. Les lieux ont tout du supermarché traditionnel : rayon des produits frais, épicerie, espace vrac, caisses sur le côté. Jusque-là rien de nouveau. Sinon que pour y entrer, il faut être muni d’un badge, seul élément qui permet de prouver son identité de Chouettos. Autrement dit, que le client est bien un coopérateur. « Il y a trois conditions pour rejoindre la coopérative : avoir plus de 16 ans, être sociétaire et donner trois heures de son temps toutes les quatre semaines », résume Chrystel Gérard, l’une des coordinatrices du projet. Ce matin-là, Gilles, Delphine, Hichem et Lloyd et quatre autres Chouettos viennent donner un peu de leur temps. Vêtus de leur tablier à l’effigie de La Chouette Coop, ils s’activent à parfaire leur Piaf, (Participation Indispensable au Fonctionnement) en langage chouettien. Mission de la matinée : réceptionner les marchandises. Jorge chapeaute le groupe : « Vous devez regarder si le stock est bon et vérifier la date limite de consommation pour les produits frais. » Jorge est un habitué. Son expérience de deux ans dans la coopérative fait de lui un référent apprécié : « Ce n’est pas un rôle directif, ici tout le monde est traité de la même façon. » La mécanique est bien huilée : un camion arrive, des chouettos déchargent la marchandise, d’autres la réceptionnent. Llyod, lui, s’occupe de la mise en rayon des produits frais comme un pro.


C’est pourtant sa première participation : « J’ai adhéré à La Chouette Coop il y a tout juste dix jours. J’ai tout de suite été séduit par le côté associatif et social. » Les produits frais terminés, place à l’épicerie. Jorge rappelle aux chouettos la démarche à suivre sous le regard attentif de Jacques : « Je connaissais déjà les supermarchés coopératifs et participatifs, je faisais partie à Montpellier de la coopérative La Cagette. Ici ce que j’aime c’est l’ambiance qui est vraiment chouette ». Rejoindre ce projet est pour ce jeune retraité un engagement contre le modèle de la grande distribution. Contrairement aux salariés des supermarchés, les clients/coopérateurs ont un rôle déterminant dans le choix des produits. « Nous établissons au préalable une grille qui contient différents critères comme la provenance, les caractéristiques, les prix. Nous contactons les fournisseurs, chaque produit retenu doit correspondre à ces éléments et enfin nous votons », détaille Chrystel Gérard. Les produits répondent en outre à une charte bien précise : « Ce sont des produits locaux, éthiques et issus de l’agriculture durable.» Cette démarche a tout de suite convaincu le retraité : « On construit tout ensemble, en démocratie directe. » Le nom de la coopérative n’a pas été choisi au hasard : « La chouette représente la démocratie, le renouveau », explique Chrystel Gérard.


Plus loin dans le magasin, Delphine, vérifie le stock des produits d’hygiène. Cette naturopathe toulousaine est chouettos depuis deux ans. « Ici, j’aime l’idée de devenir une consommatrice actrice, on choisit les produits, on fixe le prix juste. » À La Chouette Coop, elle est grand hibou. En d’autres termes, elle est référente du groupe de travail, réception et livraison. Elle vient tous les mois donner de son temps : « J’arrive facilement à gérer cette activité et mon travail car je suis indépendante ». Elle aime particulièrement rencontrer les coopérateurs : « Même si nous partageons les mêmes valeurs, le profil des coopérateurs est très divers. » Étudiants, retraités, indépendants : les 566 coopérateurs sont issus de nids différents. Certains sont très actifs, à l’image de Gilles Lasfargue. L’homme qui se tient près de la caisse note toutes les procédures à suivre pour la gestion du magasin. Il avoue y passer beaucoup de temps : « Je fais plus que les 3 heures demandées. En ce moment, le travail ne manque pas ! » Gilles et d’autres chouettos préparent en effet des ateliers sur le zéro déchet et la végétalisation en ville : « Nous souhaitons sensibiliser le public populaire à une alimentation équilibrée et durable». La Chouette Coop se veut ouverte à tous. « Nous essayons de proposer une gamme large de prix. Ce n’est pas un supermarché uniquement bio qui s’adresse à des bobos écolos », explique le coopérateur. Depuis l’ouverture du supermarché en juillet dernier, les demandes ne faiblissent pas. « Nous avons 200 personnes sur liste d’attente. En raison de la crise sanitaire, nous devons limiter les réunions d’accueil à seulement 20 personnes », regrette Chrystel Gérard. Le concept, né aux États-Unis, sous le nom de Park Slope Food Coop est en effet en plein essor en France. Dans l’Hexagone, ces supermarchés, sont pour la plupart en phase d’expérimentation. Une étape que La Chouette Coop a déjà franchi. Avant de s’installer à Marengo, la coopérative avait emménagé une épicerie test dans le quartier de Bonnefoy. Un essai qui s’est avéré concluant : « Ça marchait très bien, mais le local était devenu trop petit, nous avons mis cinq ans à trouver un lieu qui nous convenait », explique Chrystel Gérard. Aujourd’hui, la coopérative est encore en transition : « On ne peut encore pas entièrement faire nos courses à la Chouette. Mais nous espérons pouvoir le faire à plus long terme ! » s’enthousiasme Gilles Lasfargues. L’ouverture d’un magasin plus grand et définitif d’ici à 2023 à Jolimont pourra sans doute répondre à ce besoin.

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