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BOUDU

Surtouriste toi-même !

On ne se considère jamais soi-même touriste. On se vit voyageur, vacancier, individu en villégiature, vététiste en RTT, esthète assoiffé de culture, promeneur hors des sentiers, mais touriste… jamais. On est pourtant comme lui amoureux du beau, du doux, du confortable, de l’accessible et de l’incontournable. On bade comme lui Venise, Mona Lisa, la Sagrada Família, les remparts de Carcassonne, le soleil en été, la neige en hiver, les tongs et la crème glacée, la fondue et le ski, les xurros et les bermudas… On a beau s’en défendre, on n’est pas moins touriste que les autres, et notre combi d’occase instagramé #vanlife, ne justifie pas les airs supérieurs qu’on prend au passage du camping-car de monsieur et madame Tout-le-Monde.

En France, cet agacement à l’égard du touriste est vieux comme l’apparition du tourisme à la fin du XVIIIe siècle. On appelait alors touristes les jeunes angliches aisés venus en Europe du sud faire le Grand Tour pour parfaire leur culture, leur connaissance de l’art et leur éducation. Stendhal a popularisé le terme en France avec ses Mémoires d’un touriste et son Voyage dans le Midi, dans lesquels il écrit en voyageant son mépris pour les provinciaux. À Toulouse, il couine à cause des rues « en petits pavés gris noir de la forme d’un petit rognon à la brochette » qui lui font mal aux pieds, des habitants bruyants et grossiers, et du Capitole qu’il trouve moche. Avec des considérations pareilles, on ne s’étonnera pas que les touristes aient mauvaise réputation. Et la démocratisation du tourisme n’a rien arrangé.

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