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BOUDU

Toulouse : Appli’culture

Ce ne sont que quelques lignes de code ajustables à l’infini, censées nous tirer de la galère ou nous faciliter la vie. À Toulouse, des applications mobiles fleurissent chaque jour, portées par des start-ups en quête de succès facile, encouragées par les incubateurs friands de ce fourmillement d’idées permanent. Parmi elles, il y a bien sûr les classiques, celles qu’on a tous sur nos smartphones et dont l’utilité ne saurait être contestée. Championnes du genre, les applis des transports en commun comme Tisséo ou AllBikesNow, pour trouver un vélo en libre service. Il y a aussi les officielles, développées pour des services publics et parfois très sérieusement labellisées par le gouvernement, qui permettent de connaître le menu de la cantine (Qui dit miam!), de visiter le musée des Augustins avec un guide virtuel (Musée des Augustins) ou de signaler une dégradation sur la voie publique (InCity). Et puis il y a celles dont l’intérêt est pour le moins… discutable ! Une envie pressante ? Pas moins de trois applications vous indiquent où trouver des sanisettes. Besoin d’un taxi ? Si les centraux téléphoniques vous donnent de l’urticaire, les étudiants de l’université Paul-Sabatier travaillent sur une solution, Taxisid, qui sera opérationnelle en 2017. La paire de chaussures de vos rêves ? Vous la trouverez certainement sur Kissmyshoe, qui recense les produits en vente chez les chausseurs de la ville. Pour Simon Gout, un de ses créateurs, cette application résout un problème de taille, une contradiction existentielle : « Si les clients veulent pouvoir acheter en quelques clics une paire de chaussures, ils souhaitent aussi les essayer ».

Le syndrome de la lingère

Les développeurs d’applis se donnent du mal pour répondre à tous nos soucis… et même parfois, les anticiper. « En aucun cas on ne crée des besoins », se défendent-ils pourtant. « Quand ça marche, c’est que le besoin existe, même de manière latente », confirme Chérif Mili dont l’argumentaire laisse pantois lorsqu’il en vient à prendre à témoin la lavandière du xive siècle. « On lui aurait demandé si elle avait besoin d’une machine à laver, elle aurait probablement dit non. Ça lui aurait pourtant permis de laver son linge plus rapidement et à moindre effort. » Il faut dire que Chérif Mili prêche pour sa paroisse. Ce trentenaire n’en est pas à son coup d’essai, et sa dernière création, Wesh, a tout de l’appli inutile… mais qui marche ! Avec plus de 5 000 téléchargements (entre 5 et 10 par jour) et 500 utilisateurs actifs hebdomadaires, le mot d’ordre de Wesh, « Simple, direct, utile », semble avoir trouvé son public. Le concept ? Envoyer directement sa géolocalisation à ses amis, faisant ainsi l’économie d’un SMS ou d’un coup de fil. Et cerise sur le gâteau, c’est un « wesh ! » sonore et nasillard qui prévient de l’arrivée de la précieuse indication. On a certes tous expérimenté le casse-tête du rendez-vous raté, le « t’es où ? » qu’on envoie plusieurs fois et la réponse plus ou moins précise qu’on reçoit. Pénible, mais avec ou sans Wesh, on finit toujours par se retrouver, entre le panneau publicitaire et la boulangerie, ou derrière la dame en rouge. Alors quel intérêt ? « Ça va beaucoup plus vite », assure Chérif Mili. Gagner du temps, voilà donc notre nouvelle obsession à tous ? « On en gagne autant qu’on essaye d’en perdre, souligne le sociologue de l’innovation, Jan Smolinski. Ce qui est sûr c’est que cela nous occupe. » Quinze minutes d’attente, et nous sortons notre smartphone. Passer le temps en surfant d’appli en appli est devenu un réflexe. Nous collectionnons ces petits logos qui nous suivent partout, comme autant de béquilles de poche contre les désagréments quotidiens.

Après l’appli, le marchand

Marchands, politiques, professionnels de santé, tous l’ont compris. De plus en plus de services publics sont équipés. À Cornebarrieu, une étrange rencontre s’est opérée entre la clinique des Cèdres et l’ancien pilote de ligne François Prigent. Le résultat : Sovinty, une application pour faciliter le suivi post-opératoire des patients. Avec un objectif surprenant, « appliquer au domaine médical les méthodes et les valeurs fortes du secteur aéronautique : fiabilité, sécurité, performance, adaptabilité. » Rien de plus naturel, selon Jan Smolinski. « Le numérique induit des métissages. Des acteurs issus d’univers très différents se côtoient et cela peut changer les valeurs existantes. » Dans le drôle de monde des applis, les intérêts marchands redéfinissent parfois l’intérêt général

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