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BOUDU

Un coach en cuisine

C’est dans le salon de son nouvel appartement, une tasse de café à la main et les yeux rivés sur son téléphone, que Christelle attend Julien Lévy. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette jeune mère célibataire attend beaucoup de ce coaching. « J’aimerais vraiment pouvoir passer d’une cuisine vitale à une cuisine plaisir, et ce quotidiennement. » Dès son arrivée, celui qui se définit volontiers comme un cuisinier pédagogue entreprend de découvrir son hôte : rythme de vie, habitudes de consommation, attentes, envies, problématiques. Le chantier est immense : « J’ai appris à cuisiner par obligation et non par envie. Le comble, c’est que je travaille dans la restauration. Tous les jours à midi, je mange des plats différents et surtout très bons. Mais là c’est facile, ils me tombent dans la bouche. Je veux être capable de réaliser des plats diététiques, sains et beaux, bref, qui mettent les sens en éveil. » Redécouvrir le plaisir de cuisiner ? Une aspiration entendue par le jeune chef. « Ici, pas question de rééquilibrage alimentaire mais de faire naître l’envie de se mettre tous les soirs aux fourneaux. » Une mission simple en apparence mais qui, une fois la porte de la cuisine franchie, se complique tant la jeune femme semble mal à l’aise dans cette pièce. « Depuis que j’ai emménagé ici, je ne m’y

suis jamais attardée. Je me sens à l’étroit entre cette table haute qui ne me sert pas et le manque de rangements. » Plus qu’un simple tri des placards, c’est à un véritable réaménagement de la cuisine que s’attèle Julien… tout en laissant Christelle à la manœuvre. « Rester en retrait, c’est très important. C’est à elle de faire l’effort de s’impliquer puisque c’est elle qui va y vivre, y cuisiner. » Entre produits périmés, ustensiles de cuisine égarés dans le placard des produits ménagers, accumulation d’épices en tous genres, de boîtes de conserves mais surtout de paquets de pâtes, le constat incite Julien à faire preuve d’humour : « Si la guerre éclate, je sais où aller pour survivre, mais en ce qui concerne une cuisine qui donne envie, nous en sommes très loin. Il y beaucoup trop d’aliments neutres, ternes et surtout transformés. Tout ça manque de caractère, de vie. » Verdict sévère mais partagé par l’intéressée, qui se projette déjà. « Je vais exporter ce système de rangement centralisé à tous mes placards. Je me sens mieux, j’ai même envie d’acheter de nouveaux rangements, de la belle vaisselle. » Le lendemain, le second rendez-vous est fixé devant un supermarché bio du centre ville. Accompagnée de sa petite dernière de quatre ans, Christelle n’a rien perdu de son enthousiasme. « J’ai déjà l’impression d’avoir bien évolué. Hier soir, j’ai même continué le rangement dans la cuisine, c’est pour dire. J’ai vraiment hâte de découvrir de nouvelles choses. »

Posture, sourire et épices C’est dans les allées encombrées du Biocoop qu’elle va découvrir ces « nouvelles choses » pour une leçon accélérée sur les produits bios. « L’idée est d’abord d’aller vers des aliments de base, comme les céréales, pour la plupart plus chers que dans un supermarché classique, mais qui sont plus nourrissants. On en mange moins, donc on en achète moins. Financièrement, les clients s’y retrouvent. » Et effectivement, après un petit tour, Christelle est agréablement surprise, « les prix ne sont pas du tout excessifs. » Après quelques allées et venues dans le magasin à la recherche de sa fille, elle peut enfin sélectionner les produits nécessaires à la réalisation de la recette imaginée par son coach : une poêlée

quinoa carottes aux épices. Un plat simple, basé sur les habitudes de la petite famille. « Avec le quinoa je veux lui montrer qu’il existe d’autres céréales que les pâtes et le riz, plus goûteuses, avec lesquelles je vais pouvoir lui donner une base de gestes, de réflexes à avoir pour ensuite varier et créer de nouvelles recettes », détaille Julien. Une fois les courses effectuées, direction l’appartement pour l’étape reine : le cours de cuisine. Là encore, c’est Christelle qui est aux commandes. Julien, juste à côté d’elle, est attentif au moindre détail : « Les bons gestes se trouvent aussi dans la posture. L’idéal, c’est de toujours penser à avoir les pieds légèrement écartés pour se fatiguer le moins possible. » Et si Christelle est une élève attentive, elle doute encore de ses talents de cuisinière, notamment en matière d’épices. Lesquelles choisir ? Quelle quantité ? Julien tente de la rassurer : « C’est une question de feeling et d’habitude. Il faut tenter des associations en fonction de tes envies du moment. C’est là aussi que tu trouveras le plaisir de cuisiner ». Le message semble passer. L’apprentie cuisinière se lance et ose le mélange curry, gingembre, citron. Couleur, odeur… Tout y est, le sourire en prime : « Ce plat me correspond bien. C’est facile, savoureux et on peut le déguster tous ensemble autour du même plat. Pendant ces deux jours, une porte s’est ouverte et j’ai vraiment hâte de voir ce qu’il y a derrière, de continuer à découvrir et d’inventer. » Un optimisme partagé par Julien. « Ces séances sont avant tout des impulsions dont les répercussions, parfois insoupçonnées, se mesurent surtout dans le temps. »

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