Toulouse n’a pas attendu le 1er janvier pour amorcer le virage du zéro phyto. À partir de 2009, la Ville a réduit de 50 % l’usage des traitements chimiques, initié des expérimentations de matériel et de formation des agents, et intégré la chose en 2016 au laboratoire des usages de la Métropole. Désormais, le zéro pesticide est la norme, et les pratiques alternatives sont de mise.
Il faut que les consciences bougent. Ce qu’on appelait autrefois mauvaise herbe, n’en est pas. Ce n’est pas mauvais, c’est la nature ,
Aux nouvelles techniques s’ajoute l’usage de plantes plus adaptées au climat, moins sensibles aux maladies et aux germes, et susceptibles de vivre plusieurs années. Marie-Pierre Chaumette, adjointe au maire de Toulouse en charge des espaces verts parle d’« une consommation en eau bien moins élevée et d’une longévité qui demande moins de travail aux agents ». En creux, on comprend qu’on utilisait auparavant des végétaux peu adaptés à la météo de chez nous, fragiles et éphémères… et on se demande bien pourquoi.
Dès lors, malgré les efforts des agents municipaux et l’objectif affiché par Émilion Esnault, président de la commission propreté et stratégie de proximité à la Métropole « de conserver l’aspect visuel de l’époque phyto, sans utiliser de désherbant », le verdissement de l’espace public est inexorable. Rien de gênant en soi, à condition de changer de regard : « Il faut que les consciences bougent. Ce qu’on appelait autrefois mauvaise herbe, n’en est pas. Ce n’est pas mauvais, c’est la nature », rappelle Jean-Christophe Despax, un ancien jardinier de la ville, et représentant syndical à la Métropole, qui tient à s’exprimer en son nom.
Autre conséquence de cette nouvelle loi européenne : l’intensification des efforts physiques des agents : « Avec les moyens mis en œuvre actuellement, je suis inquiet de la casse physique. Les traumatismes musculaires, comme les tendinites, vont être de plus en plus fréquents. On commence déjà à le remarquer. Ce n’est pas un problème toulousain. C’est un enjeu européen ». Confirmation sur un rond-point des Sept-Deniers, avec un agent courbé, qui tient à garder le moral et l’anonymat : « Pour désherber les ronds-points, on doit tout faire à la main. C’est plus pénible et plus long, mais on n’a pas le choix ». Remplacer sans douleur la chimie fine par l’huile de coude, voilà, en substance le défi à relever pour les pouvoirs publics. Amis jardiniers, prenez-en de la graine : l’interdiction des pesticides sera étendue aux particuliers en 2019.
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