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  • BOUDU

Dossier : Les geeks contre-attaquent

On a parfois le sentiment que tout est geek aujourd’hui. Le terme veut-il encore dire quelque chose ?

C’est vrai que c’est devenu un peu fourre-tout. Le geek est désormais un phénomène de mode massif. Dans sa capacité à englober de plus en plus de monde, il est finalement devenu polysémique. Aujourd’hui un geek, c’est autant quelqu’un qui joue à Candy Crush sur son téléphone qu’une personne qui dépense toutes ses économies pour faire du cosplay et aller au TGS. Ces deux personnes n’ont rien à voir, elles n’ont pas la même culture, les mêmes connaissances de base ou les mêmes références.

Pourquoi la culture geek, qui était mal vue il y a dix ans, séduit-elle aujourd’hui ?

Elle semble se trouver au confluent de deux phénomènes de société, la ludicisation et la numérisation. D’un côté, le jeu se diffuse, il gagne en notoriété et surtout en légitimité dans de nombreuses sphères sociales. On se rend compte qu’on peut apprendre et s’épanouir grâce à ça ; que ça peut permettre de travailler plus vite, plus efficacement, tout en étant plus autonome. C’est finalement une rhétorique très libérale ! De l’autre côté, les objets numériques sont omniprésents dans notre quotidien. Or, si l’on combine les deux, ça donne une plus grande diffusion de la culture geek, sur des dispositifs qui permettent une adhésion importante d’un public plus varié.

Internet a donc popularisé les geeks ?

Il a en tout cas créé une grande liberté d’information et de communication. Quand hier on était isolé parce qu’on avait une passion pour les boîtes en carton bleues, aujourd’hui on peut trouver en ligne un forum qui réunit tous ceux qui ont cette manie.

Est-ce qu’on n’échappe pas aussi à la réalité, en se passionnant pour cette culture ?

Chaque époque a eu ses échappatoires, ses plaisirs culturels. Pour autant, la culture geek ne s’est pas construite sur quelque chose de pessimiste, sur un rejet de la réalité dans laquelle elle vivait, mais plutôt sur une volonté de s’en emparer.

Les geeks font donc aussi de la politique ?

Ce sont des communautés très actives, on le voit notamment dans les campagnes électorales. Il y a une grosse porosité entre la culture geek et la réalité dans laquelle elle s’établit, à tel point qu’elle peut aussi se faire instrumentaliser. Les politiques font désormais des vlogs, alors qu’à la base, ce genre de vidéos était un moyen de diffuser la culture geek ! Il y a une disposition à la politique chez les geeks. La preuve est que ça marche du feu de dieu : il y a aujourd’hui une base militante très jeune et très active sur internet.

> Lire aussi notre reportage « Écran total au Meltdown »

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