Cinq ans après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidentielle, Alice Dausse n’a rien perdu de sa motivation. Si elle a candidaté au poste de référente départementale, c’est d’abord pour défendre le bilan de son mouvement et le faire réélire en 2022. « Après on verra. » Elle se présente très active, parfois en proie au doute mais essayant « de ne pas trop réfléchir ». Quand la confiance la quitte, elle pense aux paroles d’Emmanuel Macron et à ses fidèles : « Certains jours sont difficiles, on se demande dans quoi on s’est embarqué, mais le matin on a toujours autant envie, c’est le plus important. » La fascination qu’exerce l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande sur la jeune femme depuis le congrès fondateur d’En Marche semble ne pas s’être étiolée. À l’image de sa famille, elle ne s’était pourtant jamais engagée, même si « dans les repas j’étais plutôt du genre à rester à table pour participer aux discussions politiques ». Dans le fond, Alice Dausse a le parcours classique de la jeune politique de province. Originaire du Lot-et-Garonne, « un endroit où il n’y a toujours pas la 3G », elle a comme modèle des grands-parents ouvriers et des parents qui s’élèvent dans la classe moyenne. Pendant que l’aînée, archéologue, devient la première doctorante de la famille, la plus jeune intègre Sciences Po Toulouse. Un juste retour des choses pour celle qui s’estime « chanceuse » d’avoir grandi dans une famille bienveillante et d’avoir eu sa chance dans un système scolaire « loin d’être parfait » mais qui permet quand même d’y arriver « quand on est motivé ». Elle dit retrouver dans le macronisme cette volonté de donner une chance à chacun.
Lorsqu’elle s’engage en 2016, c’est surtout pour s’opposer au parti de Marine Le Pen contre lequel Emmanuel Macron semble être le meilleur rempart. Jeune, progressiste, européen convaincu, vierge de tout passé politique, l’ancien banquier d’affaires de chez Rothschild présente de surcroît le double avantage d’avoir travaillé pour obtenir son salaire, et d’avoir dépassé le clivage « gauche-droite » qui a jusqu’alors empêché Alice de se sentir représentée par les partis traditionnels. L’engouement qu’elle observe autour du candidat Macron la conforte dans l’idée qu’elle a fait le bon choix. À partir de là, les choses se font « assez naturellement ». Elle participe à toutes les campagnes, se présente aux municipales. Avant de postuler à la succession de Pierre Castéras en qualité de référent départemental de LREM, poste clé dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Mais avant de tout faire pour aider le président sortant à être réélu, ce sont les élections locales qui se profilent où il faudra, une fois encore, faire barrage à l’extrême droite. Pour y arriver, elle en est certaine, il faudra continuer à « casser les clivages » et se rapprocher des électeurs au quotidien, car « un président de plus en plus populaire ne suffit pas ». Comment récupérer les abstentionnistes ? Que proposer pour que les gens ne se tournent pas vers le Rassemblement National ? Pour la trentenaire, il faudra faire preuve de pédagogie et s’adapter aux nouveaux modes d’information. « On ne peut pas maîtriser l’info comme quand il suffisait d’envoyer quelqu’un dans le JT de 20 h », regretterait-elle (presque). Il faut faire le dernier kilomètre vers ceux que les canaux traditionnels ont injustement laissés de côté. » Au-delà de la communication, le cheval de bataille de la nouvelle patronne des marcheurs Toulousains, c’est l’animation de la vie interne du mouvement. Son mot d’ordre : le collectif et les adhérents pour lesquels elle veut se rendre disponible jour et nuit. Collectif sacralisé au point qu’elle s’excuserait presque de parler à la première personne, y compris quand il s’agit de raconter sa propre histoire. En tant que référente, elle estimera avoir rempli sa mission si de nombreux nouveaux Marcheurs ont émergé au terme de son mandat. Pour y parvenir, elle cherche, accompagne et pousse ceux qui n’osent pas prendre des responsabilités. Mobiliser les adhérents, les garder motivés, recueillir les besoins et propositions de chacun, pour que le mouvement soit toujours cohérent et ses membres alignés, voilà comment celle qui à la ville travaille en tant que cadre commerciale chez Airbus appréhende le job. Et comme tout bon chef d’équipe, elle délègue pour ne pas crouler sous un agenda déjà très chargé. Pas question néanmoins pour la jeune femme d’envisager son engagement politique autrement que sous la forme du bénévolat : « Ne pas vivre de la politique, c’est ce qui me permet de garder une certaine indépendance. » Consciente qu’elle risque désormais d’être davantage sous le feu des projecteurs, elle veut rester fidèle à sa ligne de conduite. Elle qui a grandi avec des parents « féministes, mais sans le dire, ou sans le savoir », veut donner une tribune à tout le monde, y compris aux moins représentés, comme les femmes, même si elle se défend de vouloir faire du genre une question essentielle. N’empêche qu’elle se réjouit de l’accompagnement proposé par son parti aux femmes. à son échelle, elle travaille à être « plus inclusive », en organisant par exemple les réunions internes après le dîner pour libérer les femmes de leur rôle de mère, et qu’elle est engagée en tant que marraine dans l’association Capital Filles, qui encourage les élèves de terminale à ouvrir leurs horizons. Mais n’insistez pas. Pour elle, son âge et sa féminité ne sont « pas un sujet »
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