Nadia Pellefique, vice-présidente de Région et Nadia Bakiri, conseillère régionale déléguée à l’égalité femmes-hommes viennent de se rendre, dans le cadre d’Europe Inspire, au Pays basque espagnol afin de comprendre les dispositifs mis en place pour lutter contre les violences faites aux femmes. Récit.

Europe Inspire, qu’est-ce que c’est ?
N.P C’est un programme initié il y a deux ans qui consiste à s’inspirer d’autres territoires sur un sujet pour lequel on nourrit des objectifs tout en constatant qu’ils sont plus avancés que nous. La précédente mission était autour de la pratique du vélo aux Pays-Bas.
Pourquoi l’Espagne est-elle pionnière sur ce sujet ?
N.B Parce qu’elle est partie du postulat qu’il fallait supprimer tout ce qui avait été mis en place précédemment pour repartir d’une feuille blanche. Cela lui a permis de réduire significativement le nombre de féminicides ces dernières années.
N.P Les violences faites aux femmes ne sont plus, en Espagne, un sujet partisan. Dès 2004, Zapatero a proposé une loi votée à l’unanimité contre les violences de genre. En 2015 des milliers de femmes, et pas seulement des militantes, ont marché contre les violences faites aux femmes. Et puis, en 2018 un budget d’État dédié a été voté, ce que nous n’avons pas fait en France.
Quelle est la particularité du Pays basque espagnol ?
N.P Des crédits complémentaires ont été votés au niveau régional et l’institution basque de la femme Emakunde, qui est l’outil majeur de la politique régionale, a été doté d’un budget spécifique. Et quand on leur demande si les crédits pourraient être menacés par l’arrivée de la droite au pouvoir, on s’étonne même de notre question.
Quel est le bilan de la région Occitanie en la matière ?
N.B Elle détient le triste record en France du nombre de féminicides. On est à trois depuis le début de l’année. L’an dernier, il y en a eu 18. C’est donc un engagement militant et féministe qui nous a poussé à initier ce déplacement avec des personnalités du monde associatif et une lieutenant-colonel qui s’occupe de ces questions-là au sein de la gendarmerie.
Le modèle d’Emakunde pourrait être une solution pour la région ?
N.P Il faudrait organiser les pouvoirs publics de manière à ce que les actions d’une commune, d’une Métropole et d’une Région puissent s’additionner, qu’on articule l’ensemble des politiques publiques pour être plus efficaces.
La Région a adopté en novembre dernier le « Safeplace4women ». Qu’est-ce que c’est ?
N.P C’est une initiative du comité européen des régions qui vise à affirmer le droit des femmes à vivre dans l’espace public en sûreté. Les Espagnoles parlent de « terrorisme machiste ». Leur analogie, c’est que le terrorisme c’est avoir peur partout, de se sentir oppressée. La définition littérale correspond assez bien à ce que peut ressentir une femme dans l’espace public, la nuit, ou dans les transports.