Originaire de la région lyonnaise, Bruno Charpentier a repris Les 3 caves Rive Gauche avenue de Muret, où il s’emploie, depuis six ans, à défendre l’originalité des vins du Sud-Ouest.
C’est parfois (souvent ?) en s’éloignant de ceux que l’on aime que l’on mesure à quel point ils comptent à nos yeux. Toute proportion gardée, c’est en parcourant le monde que Bruno Charpentier s’est aperçu de son attachement au vin : « Où que l’on aille, on est toujours ramené à l’art de vivre à la française, à la gastronomie, et au vin qui est rare et cher quand on vit à l’étranger. »
Il a beau se souvenir avoir un peu aidé son grand-père à vinifier en Touraine lorsqu’il était gosse, ce n’est que plus tard, lorsqu’il débarque à Lyon pour ses études, qu’il découvre les plaisirs de la table. Pas de là toutefois à en faire un métier. Dans la cité des Gones, il devient ingénieur. Une profession qu’il exerce un certain temps jusqu’à son arrivée à Toulouse, en 2016, où il se dit que le temps est venu de mettre en adéquation son travail avec ce qui l’anime vraiment : « J’avais envie de reprendre un commerce de proximité, d’être utile dans un quartier, de retrouver un lien que j’avais perdu dans l’industrie. » Après avoir sondé quelques cavistes, le déclic s’opère lors des portes ouvertes du CFA de Blagnac où il échange avec la responsable de la formation pour adultes de la branche sommellerie. Il n’en faut pas plus pour que celui qui a approfondi sa connaissance en matière viticole au cours de ces dernières années en visitant des domaines, prenant des cours d’œnologie et sillonnant les salons de caves particulières, se jette à l’eau.
Une année en alternance au restaurant le Cénacle valide son choix. « Je me suis régalé, sommelier dans un resto, c’est comparable au monde du spectacle, tous les soirs le rideau s’ouvre et tu entres en scène. Avec des retours qui sont immédiats ! »
Le rythme étant aussi très éprouvant, Bruno Charpentier décide, diplôme en poche, de reprendre Les 3 caves Rive Gauche pour travailler avec les restaurateurs et une idée chevillée au corps : dans le vin, il faut toujours rester en éveil : « L’apprentissage n’est jamais fini. Le monde du vin évolue sans cesse. Les vignerons testent, des appellations naissent, etc.»
Désireux de ne pas proposer la même chose que ses confrères, il fait le choix de l’indépendance pour décider seul de sa gamme : « J’aime bien travailler avec des domaines méconnus. Le caviste joue un rôle de prescripteur. »
En la matière, l’homme sait qu’il y a de quoi faire dans le Sud-Ouest : « Même si je ne suis pas originaire d’ici, j’estime qu’il est de mon devoir de valoriser les vins du territoire. Il faut insister, parce que dès l’instant où les gens goûtent, ils apprécient. Je n’ai pas de mal à proposer du fronton parce que c’est bon ! » Et de s’étonner encore de ce « rapport injuste que les Toulousains entretiennent avec les vins de la région. Certains sont encore sur des vieux souvenirs. Heureusement, le consommateur est de plus en plus curieux et de moins en moins attaché à une appellation. On a ici des cépages que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France. C’est une chance pour un caviste ! »
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