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Logi Boudu magazine
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Elle couvre les sols

Dernière mise à jour : 18 janv.

Dans le Gers, le maïs à popcorn, gourmand en eau, se rachète une conduite avec les couverts végétaux : ou comment l’agriculture régénérative séquestreuse de carbone, se présente comme une piste pour faire face au changement climatique.



50 000 tonnes de maïs à popcorn récoltés chaque année : cela fait du gersois Nataïs le leader européen du grain de maïs éclaté, une variété spécifique. Implantée à Samatan, l’entreprise fait appel à un réseau de 220 agriculteurs dans un rayon de 200 km, des Landes aux plaines garonnaises. Soit au total 7000 hectares de culture de maïs, qui connaissent désormais de réguliers épisodes de stress climatiques, replaçant encore une fois au centre des problématiques agricoles, l’épineuse question de l’irrigation. « Pour pousser, le maïs a besoin d’eau l’été, au moment où la tension est la plus forte sur cette ressource », explique Anne-Marie Joliet, chargée de mission agroécologie et carbone chez Nataïs. Et un maïs à éclater qui manque d’eau est un popcorn qui fera « pschiit »… La variété (dont le grain présente une enveloppe très dure) a besoin d’une bonne irrigation pendant sa croissance pour connaître un épanouissement optimal à l’éclatement : soit ce popcorn joufflu, tendre et croquant qu’affectionne le grignoteur des salles obscures et des soirées télé. Côté maïsiculteurs face à la sécheresse, « une des solutions à court terme est donc de constituer des réserves d’eau pendant l’hiver, dans les fameux bassins », résume Anne-Marie Joliet, qui n’oublie pas de mentionner la controverse qui va avec leur construction. À moyen terme, dans un département où les sols ont été fortement dégradés depuis une cinquantaine d’années, l’enjeu se situerait au niveau de la fertilisation. « Nous proposons une prime aux agriculteurs qui travaillent désormais avec les techniques de couverts végétaux, consistant à semer entre deux cultures des plantes qui vont être laissées sur place dans le but de recréer de la matière organique », décrit Anne-Marie Joliet. Les sols ainsi enrichis gardent davantage l’humidité, et les racines permettent de limiter les phénomènes d’érosion (sinon, en cas de fortes pluies, toute la matière organique est lessivée et se retrouve dans les fossés). Autre point positif : « Ces cultures agissent comme des capteurs de CO2 ! 4 à 5 tonnes de CO2 à l’hectare : donc au-delà de produire de l’alimentation, les agriculteurs se retrouvent dans une position où ils rendent service à la société. C’est pour cela qu’il faut les encourager financièrement car ces techniques ont un coût. » De là à dire que boulotter du popcorn sauverait la planète, il n’y a qu’un pas, que nous ne franchirons pas.

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