Marignac : Garder la ligne
- Robin FERNEZ-MICHEL
- 4 mars
- 4 min de lecture
À Marignac, village haut-garonnais du piémont pyrénéen, le train passera bientôt à nouveau après une décennie d’interruption de service. Un exemple parmi d’autres du renouveau des petites lignes ferroviaires, dopées par de nouvelles orientations politiques et le regain d’intérêt des urbains pour la campagne. Une bonne nouvelle pour le maire… à condition que les trains partent et arrivent à l’heure.

Le coin est charmant et a tout de l’image idyllique de la campagne paisible où les vaches sont bien gardées. On y arpente des rues fleuries bordées de grandes demeures un peu vides, et l’on traverse parfois un sentier caillouteux à deux bandes barré par un passage à niveau. Désossé de ses rails, l’ancien chemin de fer se devine ici et là, et fait figure de vestige dans cette petite vallée des Pyrénées, entre Cierp-Gaud et Saint-Béat. En 2014, la ligne qui reliait Montréjeau à Bagnères-de-Luchon est mise hors service par la SNCF, faute de fréquentation. Toute une langue de territoire, qui bénéficiait du rail depuis plus de cent ans, s’est ainsi trouvée privée de son accès direct à Toulouse en moins de 2h. Aujourd’hui, la gare est encore là, ouverte aux quatre vents et presque intacte. À l’intérieur on trouve des brochures, des unités centrales d’ordinateurs du siècle dernier, de vieux téléphones, et un silence épais qui rappellent la multiplication des fermetures de lignes cette dernière décennie.
La mairie se trouve en face. Il suffit de traverser la rue. Dans sa jolie salle de réunion boisée, le maire André Campagne se souvient : « À l’époque, il existait une ligne de nuit Paris-Luchon que prenaient les curistes, et qui passait par Marignac. » Un petit tramway traversait alors le village, et permettait aux habitants de la région de s’éviter un chronophage détour. Leur fierté, c’était surtout l’usine de magnésium Péchiney, qui exportait à l’étranger grâce au train. En 2001, l’usine a fermé ses portes, laissant sur le carreau ses 220 salariés. Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien du site. Les bâtiments ont été démolis sous les yeux de ses anciens ouvriers.
C’est l’auto qui a eu la peau du tramway du village dans les années 1950, et celle du train en 2014. « On a vu petit à petit arriver la voiture individuelle, et les gens se sont mis à moins prendre le train », déplore le maire. Avec la fin de cet accès facilité à Toulouse, les jeunes et les entreprises ont plié bagages, poussés par le vieillissement de la population et la volonté de se rapprocher des centres urbains.
Vous souhaitez en lire plus ?
Abonnez-vous à boudulemag.com pour continuer à lire ce post exclusif.