El Gato Negro, c’est d’abord l’histoire d’un homme, Axel. Le le ader charismatique du groupe, avec ses moustaches fines et son chapeau à plume. À première vue, il a tout du chanteur bohème : un peu dans la lune, « enfant du monde », comme il se décrit. Sauf que la bohème, il l’a vraiment connue. Après avoir fait son apprentissage dans une imprimerie, il décide de partir à l’aventure en Amérique latine. À 18 ans, c’est au Brésil qu’il atterrit, sac et guitare sur le dos. Il y découvre le chanteur Jorge Ben, les favelas multicolores, les grandes plages de sable blanc et la forêt tropicale. Au cours d’une cérémonie chamanique avec une tribu d’Amazonie, il boit l’ayahuasca, un cocktail hallucinogène. « J’ai eu une vision : pleins de chats noirs. Et je me suis reconnu dans l’un d’eux. » Le Gato Negro est né.
Tombé sous le charme des rythmes tout à la fois joyeux, sensuels et mélancoliques de l’Amérique latine, il enchaîne les expériences musicales. À la manière d’un Manu Chao, il se produit dans les quartiers défavorisés, les prisons. Un soir, dans la chaleur des nuits argentines, une jeune femme cubaine donne un concert. La chanteuse, aux longs cheveux noirs de jais et à la voix envoûtante, s’appelle Irina. Monté sur scène après elle, il l’invite à le rejoindre. Le coup de foudre va au-delà de la musique. « On a joué ensemble toute la nuit et on ne s’est plus jamais quitté », sourit Axel. Ils continuent le voyage ensemble et remonte le Colorado jusqu’aux États-Unis, où ils se marient, entre les grandes plaines verdoyantes et les montagnes Rocheuses.
Trompettes de la renommée
Mais le voyage, c’est fatigant. Axel décide donc de rentrer en France avec une idée en tête : créer son groupe de cumbia libre, un mélange de musique afro-colombienne et de sonorités européennes. A Toulouse, il convainc son ami d’enfance, Yohann, contrebassiste autodidacte, élevé au rock des seventies et clown à ses heures perdues, de le suivre dans l’aventure. Très vite, Pablo, percussionniste mexicain rencontré un soir au bord de la Garonne, se laisse tenter. Son job ? Adapter les rythmes colombiens pour plaire au public européen. « Les tambours traditionnels sont plus difficiles à écouter », plaisante-t-il. Avec Vincent aux cuivres et Irina au chant et aux arrangements musicaux, le groupe est fin prêt pour son premier concert, en septembre 2012, à Toulouse, dans le bar le Cactus. Le premier d’une longue liste : pendant deux ans, le Gato Negro enchaîne les petites salles pour se rôder.
J’ai eu une vision : pleins de chats noirs. Et je me suis reconnu dans l’un d’eux.
Dans l’intervalle, Yann, un Gersois, rejoint l’aventure…. au départ pour quelques dates. Croyait-il : « Un mois après, nous avons signé avec le label parisien Belleville Music. Nous avions un tourneur et un album en préparation. C’est parti à fond les ballons », sourit le tromboniste barbu.
Le cocktail musical de Gato Negro ? Un mélange des influences musicales de chaque membre du groupe, sur fond de musique latine traditionnelle. La mixture, détonante, est d’une redoutable efficacité. Les paroles, écrites par Axel, mêlent les anecdotes de voyage et les propos plus engagés, notamment sur l’écologie. Leur premier album, Cumbia Libre, s’est vendu à 10 000 exemplaires. Pas question toutefois de prendre la grosse tête : « J’étais bien décidé à en arriver là et même plus loin, reconnaît Axel. Mais on garde les pieds sur terre. » Reste que la réputation du Gato Negro ne cesse de croître. Cet été, leur agenda est plein de dates, dans l’Europe entière. Rien d’étonnant pour Stéphane, leur tourneur : « Lorsque j’ai été les voir la première fois, j’ai tout de suite adoré. Aujourd’hui, c’est un des groupes dont ma société de production, Blue Line, s’occupe, qui a les meilleurs retours après les concerts. Ça cartonne ! Je ne serais pas surpris qu’ils finissent par passer sur des grandes radios ». En attendant cette reconnaissance sur les ondes, le Gato Negro ne se prend pas la tête. Il est vrai qu’à les observer, Yohann en train de faire des blagues, Pablo disserter sur le sens de la vie et Axel embrasser Irina, on a surtout l’impression de voir une joyeuse bande de copains.
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