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Logi Boudu magazine
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Hallucinéma

En apparence, Dementia est un nanard naze bâclé par un réalisateur pistonné. En réalité, c’est un film surréaliste et noir, vénéré par Hitchcock, Buñuel et Lynch, qui mérite mille fois qu’on n’en laisse pas la jouissance aux seuls cinéphiles. Sa genèse justifie à elle seule le prix de la place. Voilà le topo : on est dans l’Oregon, au début des années 1950. Adrienne, la secrétaire du jeune John J. Parker, déboule affolée dans le bureau de son patron. Elle lui dit avoir passé une nuit atroce, victime d’un cauchemar délirant qu’elle lui narre illico. Fasciné par ce récit fou, Parker décide d’en faire un film. Il n’est pourtant ni producteur, ni scénariste, ni réalisateur. Tout juste fils d’exploitant de salles de cinéma. Il emprunte de l’argent à sa mère, sollicite un coup de piston de la part de son père, et tourne en 6 jours le cauchemar halluciné de sa secrétaire, avec la principale intéressée dans le rôle principal. Censuré, mal exploité, Dementia sort dans une seule salle en 1953 avant de tomber dans l’oubli, d’être exhumé par un producteur de films d’horreur en 1958, et de devenir culte dans les années 1970. Le film en lui-même est une mise en abîme bizarre, un rêve dans le rêve qui met le spectateur dans un état d’effroi doux. On pense à Psychose, à Un chien Andalou, à l’obsession de Lynch pour les nains, et on se régale de voir ce film de 55 minutes comme un spectateur avide et véritable, c’est-à-dire sans a priori, et au premier degré.

Dementia, de John J. Parker – Le 14 février à 19h à la Cinémathèque de Toulouse, dans le cadre du festival Extrême Cinéma (du 9 au 17 février)

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