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Stand-up : Le grand saut

Quinze ans après son arrivée dans les comedy-clubs parisiens, le stand-up est désormais bien implanté en province. C’est le cas à Toulouse où les bistrots accueillent des soirées stand-up animées par un vivier de talents locaux.


Mardi, 21h. Le Père Peinard, un bar discret des Chalets, organise comme chaque semaine sa soirée stand-up : La grotte du rire. Ce genre de soirées se multiplient ces dernières années à Toulouse, accueillies O boudu Pont, au London Town ou plus récemment aux 4 zèbres.

Dans un joyeux brouhaha, le public majoritairement composé de moins de 30 ans patiente à l’extérieur. Comme dans les autres lieux de stand-up, l’entrée se fait sur consommation et la sortie au chapeau. « Ce soir on accepte les tickets de métro ! » grince un des humoristes après une soirée plus difficile que d’ordinaire. Un verre à la main, on nous guide jusqu’à une petite cave de brique rouge peu éclairée. La disposition des chaises force la proximité avec les voisins. La maîtresse de cérémonie, jeune humoriste de 21 ans, s’empare du micro. Plaisir et bienveillance sont ses mots d’ordre. « Le stand-up est différent des autres spectacles vivants. Ici, les réactions du public c’est 50% du succès de la soirée ». Alors avant d’accueillir les artistes elle soumet le public à une séance de yoga du rire. Le public répète des « ah-ah » forcés jusqu’à ce qu’à être pris d’un fou rire sincère. Et ça marche. 

Les stand-uppeurs défilent ensuite les uns à la suite des autres. Performances sans filet ni artifice, avec leurs meilleures blagues pour seule arme.

« Un micro, un lieu intime, pas de quatrième mur entre l'humoriste et le public, raconter une anecdote et travailler une chute ». Voici comment Avotcha, humoriste depuis quatre ans, définit les codes du stand-up. Romuald, organisateur de plateau au Boudu Comedy Club et humoriste, ne souhaite pas que le stand-up se cantonne à une seule formule. « C’est comme quand t’apprends la guitare : on te donne l’arpège, les accords, les différentes notes et tu peux composer avec ça. Tu peux faire ton Jimmy Hendrix, apprendre en faisant et y aller au hasard ! » 

Mardi, 21h. Le Père Peinard, un bar discret des Chalets, organise comme chaque semaine sa soirée stand-up : La grotte du rire. Ce genre de soirées se multiplient ces dernières années à Toulouse, accueillies O boudu Pont, au London Town ou plus récemment aux 4 zèbres.

Dans un joyeux brouhaha, le public majoritairement composé de moins de 30 ans patiente à l’extérieur. Comme dans les autres lieux de stand-up, l’entrée se fait sur consommation et la sortie au chapeau. « Ce soir on accepte les tickets de métro ! » grince un des humoristes après une soirée plus difficile que d’ordinaire. Un verre à la main, on nous guide jusqu’à une petite cave de brique rouge peu éclairée. La disposition des chaises force la proximité avec les voisins. La maîtresse de cérémonie, jeune humoriste de 21 ans, s’empare du micro. Plaisir et bienveillance sont ses mots d’ordre. « Le stand-up est différent des autres spectacles vivants. Ici, les réactions du public c’est 50% du succès de la soirée ». Alors avant d’accueillir les artistes elle soumet le public à une séance de yoga du rire. Le public répète des « ah-ah » forcés jusqu’à ce qu’à être pris d’un fou rire sincère. Et ça marche. 

Les stand-uppeurs défilent ensuite les uns à la suite des autres. Performances sans filet ni artifice, avec leurs meilleures blagues pour seule arme.

« Un micro, un lieu intime, pas de quatrième mur entre l'humoriste et le public, raconter une anecdote et travailler une chute ». Voici comment Avotcha, humoriste depuis quatre ans, définit les codes du stand-up. Romuald, organisateur de plateau au Boudu Comedy Club et humoriste, ne souhaite pas que le stand-up se cantonne à une seule formule. « C’est comme quand t’apprends la guitare : on te donne l’arpège, les accords, les différentes notes et tu peux composer avec ça. Tu peux faire ton Jimmy Hendrix, apprendre en faisant et y aller au hasard ! » 

Les soirées stand-up permettent effectivement de tester des vannes ou des bribes de spectacle en cours d’écriture. « Au stand up, il faut s’autoriser à tester tout le temps, c’est du spectacle vivant » résume Romuald, qui considère chaque séance comme une pochette surprise. En suivant cette règle, si quelqu’un lui demande « C’est possible de savoir qui va jouer ? », il répondra que non, pour un effet de surprise et mettre en avant le « moment ».

Pour Alice, étudiante de 21 ans, c’est une première à la Grotte du Rire : « Voir les organisateurs passer de l'accueil des spectateurs à humoristes en aussi peu de temps, c’est impressionnant. C’est agréable de goûter à l’excitation et à la préparation du déroulé du spectacle en direct. » Ses amies adhèrent, séduites par l’idée de passer une soirée devant des comédiens plutôt que devant un écran. « Le stand up, c’est introspectif » explique Romuald. « Tu fédères les gens parce que tu parles de choses personnelles qui, au final, nous touchent tous ». Et l’humoriste de reconnaître aborder des sujets dont il n'aurait pas osé parler avec sa copine : « C’est libérateur, mieux qu’une séance chez le psy ! » Reste qu’avec un psy, on est à l’abri des bides. Sur scène, on s’y expose sans cesse. Marine reconnait qu’à ses débuts, elle n’en dormait pas la nuit : « Après un bide, je remettais tout en question, je voulais arrêter ». C’est que pour ces comédiens de stand-up, la scène est une affaire sérieuse qui dépasse largement le simple enchaînement de blagues. Qu’il nous parle des effets de la colonisation ou des crottes de chien sur les trottoirs, un message est adressé. Pour Avotcha, « Que tu le veuilles ou non, dès que tu montes sur une scène, c’est politique. Même si ton message n’est pas politique, ce que tu représentes est un message ». 

Une manière aussi, de se démarquer « pour ne pas se noyer dans la masse ». Car aujourd’hui, de plus en plus d’humoristes en herbe se lancent dans l’arène. Et ce d’autant plus que désormais, il est possible de faire carrière sans passer par Paris. « Les humoristes d’ici font tout pour que ça change », confirme Romuald originaire de La Réunion. Un avis partagé par Avotcha qui croit dur comme fer à l’émergence d’une vraie scène stand-up à Toulouse : « On a un vivier tellement fort ! ». Pour preuve, de nouveaux plateaux ne cessent de s’organiser dans la Ville rose au point que la prophétie de Romuald pourrait bien se réaliser plus vite que prévu : « Un jour, possiblement, des Parisiens viendront me voir jouer à Toulouse ».

Les soirées stand-up permettent effectivement de tester des vannes ou des bribes de spectacle en cours d’écriture. « Au stand up, il faut s’autoriser à tester tout le temps, c’est du spectacle vivant » résume Romuald, qui considère chaque séance comme une pochette surprise. En suivant cette règle, si quelqu’un lui demande « C’est possible de savoir qui va jouer ? », il répondra que non, pour un effet de surprise et mettre en avant le « moment ».

Pour Alice, étudiante de 21 ans, c’est une première à la Grotte du Rire : « Voir les organisateurs passer de l'accueil des spectateurs à humoristes en aussi peu de temps, c’est impressionnant. C’est agréable de goûter à l’excitation et à la préparation du déroulé du spectacle en direct. » Ses amies adhèrent, séduites par l’idée de passer une soirée devant des comédiens plutôt que devant un écran. « Le stand up, c’est introspectif » explique Romuald. « Tu fédères les gens parce que tu parles de choses personnelles qui, au final, nous touchent tous ». Et l’humoriste de reconnaître aborder des sujets dont il n'aurait pas osé parler avec sa copine : « C’est libérateur, mieux qu’une séance chez le psy ! » Reste qu’avec un psy, on est à l’abri des bides. Sur scène, on s’y expose sans cesse. Marine reconnait qu’à ses débuts, elle n’en dormait pas la nuit : « Après un bide, je remettais tout en question, je voulais arrêter ». C’est que pour ces comédiens de stand-up, la scène est une affaire sérieuse qui dépasse largement le simple enchaînement de blagues. Qu’il nous parle des effets de la colonisation ou des crottes de chien sur les trottoirs, un message est adressé. Pour Avotcha, « Que tu le veuilles ou non, dès que tu montes sur une scène, c’est politique. Même si ton message n’est pas politique, ce que tu représentes est un message ». 

Une manière aussi, de se démarquer « pour ne pas se noyer dans la masse ». Car aujourd’hui, de plus en plus d’humoristes en herbe se lancent dans l’arène. Et ce d’autant plus que désormais, il est possible de faire carrière sans passer par Paris. « Les humoristes d’ici font tout pour que ça change », confirme Romuald originaire de La Réunion. Un avis partagé par Avotcha qui croit dur comme fer à l’émergence d’une vraie scène stand-up à Toulouse : « On a un vivier tellement fort ! ». Pour preuve, de nouveaux plateaux ne cessent de s’organiser dans la Ville rose au point que la prophétie de Romuald pourrait bien se réaliser plus vite que prévu : « Un jour, possiblement, des Parisiens viendront me voir jouer à Toulouse ».


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