Son retour à la maison était très attendu. Révélation soliste aux Victoires de la musique classique en 2022, la violoniste toulousaine Manon Galy interprètera en juillet dans sa ville natale pour deux versions des Quatre saisons : l’originale de Vivaldi, et la recomposition du musicien électro Max Richter. L’occasion d’un entretien avec Boudu, entre madeleines de Proust et syndrome de l’imposteur.
Hâte de retrouver le public toulousain ? Je ne tiens plus ! Je prends bien entendu davantage de plaisir quand mes proches sont dans la salle. Créer un lien avec le public le temps d’un concert, ce n’est pas évident. Mais il me suffit de savoir qu’une personne que j’aime se trouve parmi les spectateurs pour me libérer et changer mon état d’esprit. Lors des concerts à Toulouse, de toutes façons, j’ai l’impression que tout le monde fait partie de la famille !
Vous semblez très attachée à Toulouse. Il vous a pourtant fallu la quitter très jeune pour étudier votre instrument. Quel souvenir gardez-vous de cette période ? J’étais au conservatoire de Toulouse dès 9 ans. En troisième, j’ai quitté l’école pour entrer au conservatoire à rayonnement régional de Paris. Mes parents ne voulaient pas que je vive seule à Paris à cet âge. J’ai donc fait des aller-retours pendant trois ans avant d’y aménager pour de bon à 17. Plus tard, j’ai eu peur de perdre le lien musical avec Toulouse quand j’ai commencé à jouer à Paris. Mais la Ville rose est vite venue me récupérer après ma Victoires de la musique.
Vous évoquez facilement le stress que vous éprouvez dans la perspective de monter sur scène. À 28 ans, parvenez-vous enfin à le dompter ? J’éprouve un stress global et quotidien. J’ai peur de ne pas être au niveau, ne pas être à la hauteur. Est-ce que je mérite ce qui m’arrive ? Est-ce que je travaille assez bien ? Mon problème de confiance ne m’a jamais quitté. Et puis on ne sait jamais ce qu’il peut se passer sur scène. Il y a une part de mystère qui rend le stress encore plus dur à gérer.