Avez-vous l’impression que le statut du chef a changé ? Avant les chefs c’étaient les “crasseux” qui se cachaient dans leur cuisine. Et les stars de restaurant c’étaient les grands maîtres d’hôtels. La situation s’est inversée quand ils se sont mis à décorer l’assiette dans les années 80. Seuls les initiés les connaissaient. La starification est venue avec la télévision. Ce sont les médias qui font et défont les réputations. Du coup, quand on vient manger dans ton restaurant c’est tout de suite : « On vous a vu dans cette émission ! »
Comment avez-vous vécu votre propre médiatisation ? Au début, je voulais toujours plus grand, avoir de plus en plus de personnel. La réussite, pour moi, c’était de viser l’étoile, les médias. Aujourd’hui, je suis revenu à l’essentiel. J’ai souhaité prendre le plus petit endroit possible. Ici, je suis seul, je fais la cuisine et la salle. Pour moi, la cuisine c’est la convivialité. Je veux un endroit cosy où les gens se sentent bien, comme chez eux. Cela fait deux ans, que je ne m’habille même plus en chef, que je n’ai pas enfilé ma veste de cuisinier.
Que vous inspire la médiatisation actuelle des chefs ? Chacun fait la cuisine avec son cœur, du coup le fait de starifier quelqu’un ne me plait pas. N’oublions pas que nous sommes juste des cuisiniers. Je ne veux, par exemple, plus qu’il y ait de codes dans mon restaurant, que le client soit obligé de mettre une belle veste pour venir manger, qu’il m’écoute quand je lui décris un plat… Je veux qu’il vienne comme il est. Un peu comme chez Mc Do finalement !
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