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Orane Benoit

Paysans 2.0 – Maison Lacube

Dernière mise à jour : 16 févr.

Les salopettes de ski de mamie, les bonnets de papi, des dégaines rigolotes, la Maison Lacube a fait le buzz en fin d'année dernière sur les réseaux sociaux avec sa parodie du titre « Tout Oublier » de la chanteuse belge Angèle. Une manière pour cette famille d’éleveurs ariégeois d'attirer l'attention des citadins confinés.

La famille Lacube est installée dans la haute vallée de l’Ariège depuis cinq générations. L’aventure commence réellement en 1994 avec Philippe Lacube. C’est en rentrant d’un voyage humanitaire que le jeune montagnard décide de racheter la ferme de son oncle Lucien, bien décidé à vivre de son métier d’éleveur. D’abord des gasconnes, vaches locales et rustiques, puis du canard gras, avant d’ouvrir, deux ans plus tard, un premier magasin : « Un garage avec quatre étagères » s’amuse son fils Jason, béret vissé sur la tête. Dès le début, le couple Lacube propose la vente directe. Mais ils ne s’arrêtent pas là et développent la vente par correspondance pour envoyer des colis de viandes dans toute la France. A l’époque, Jason l’assure, ce n’était pas à la mode dans les fermes. Convaincus du potentiel touristique des Pyrénées et de l’attractivité des élevages, les Lacube proposent également des promenades en estive. Un coup d’œil sur les troupeaux, un bon repas à midi et une visite à la ferme, le triptyque gagnant pour rassasier la soif de nature et d’authenticité des visiteurs. Mais pas celle de Philippe Lacube qui souhaite promouvoir ses produits au-delà des Cabannes. Pour ce faire, il ne recule devant rien, même pas devant la vente de hamburgers du terroir, baptisés Mac Arel, place du Capitole sous les yeux médusés des Toulousains. Une manière de défendre son patrimoine dont se souvient Jason, qui suivait déjà son père dans ses escapades : « L’idée, c’était de faire parler de ses produits et de défendre un système agricole, une vallée, un mode de production. » Un coup d’éclat qui motive le communicant à transformer la maison familiale en restaurant. C’est le début d’une nouvelle ère, qui voit notamment Jason intégrer l’entreprise familiale. Le jeune homme ne cache pas avoir très tôt eu envie de « prendre la succession paternelle. Mon souhait a toujours été de travailler et habiter ici. » Admiratif de l’œuvre de son père, Jason reconnaît néanmoins que l’actuel président de la chambre d’agriculture de l’Ariège pouvait être « dur à suivre ». Pour y parvenir, l’aîné de la famille se forme en commerce international à Toulouse avant de rejoindre l’entreprise en 2016. Pour casser la routine, Jason crée sur la place des Cabannes, 3 lieux en 1, un restaurant traditionnel, une brasserie et un magasin pour valoriser leurs produits : « Cet été, avec le déconfinement, on a pris le bouillon et on a fait beaucoup plus de couverts. C’était l’usine à gaz. Je ne veux plus revivre ça. » Baisser la tête, ne rien faire, ne rien dire, subir les évènements, ne font pas partie du vocabulaire du jeune éleveur. Cet hiver, nouveau projet, les Lacube ont investi le plateau de Beille avec l’aménagement d’un snack et d’un restaurant : « Nos stations ne sont pas bétonnées comme dans d’autres endroits. Du coup, notre département est en résonance avec les attentes écologiques des touristes qui viennent en montagne. » Cette nouvelle tendance de tourisme vert, Jason compte bien en profiter « Il ne faut pas faire n’importe quoi. Mais il y a moyen de créer de l’activité et de la richesse tout en conservant la montagne intacte. » Maintenir les emplois dans la vallée avec le tourisme tout en respectant les lieux préservés des Pyrénées, où seuls quelques bergers, montagnards aguerris, chasseurs et éleveurs laissent leur trace est un équilibre essentiel pour la vallée. Père de deux petites filles, l’éleveur a à cœur de préserver la montagne et ses traditions. Comme ces « grands repas de famille, où l’on retrouve les aînés de 90 ans comme les poussettes. C’est dans ces moments-là qu’apparait toute la richesse d’une culture. »

@Orane_benoit


Une culture dont le jeune homme de 28 ans est fier, malgré le regard pas toujours bienveillant que la société portait sur le travail de ses parents : « Quand j’étais gamin, je trouvais que lorsqu’on parlait des éleveurs, on les voyait comme des gens très passéistes ». Pour faire évoluer les mentalités, et taquiner gentiment les urbains, la famille Lacube a fait le buzz, en fin d’année dernière, en tournant un clip déjanté dans lequel elle s’est amusée à détourner le morceau « Tout oublier » de la chanteuse Angèle. Une manière comme une autre « d’encourager les gens à consommer local » pour Jason et sa bande qui n’ont pas hésité à mobiliser le village pour réaliser cette parodie. Et aussi de rappeler cette évidence : « sans éleveur, on ne mange pas ».  Résultat du clip made in les Cabannes ? 80 000 vues dont Jason nuance humblement la portée « Nous ne sommes quand même pas Lady Gaga ! » Pour l’instant.


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