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Nelly Metay

Perf’ le jour, teuf la nuit – Quentin (dit Pika)

Dernière mise à jour : 18 janv.

Infirmier dévoué le jour et teufeur la nuit, Quentin (Pika, pour les intimes), est la mascotte colorée des soirées de psytrance toulousaines. Entre deux perfusions, un cours de hula hoop et une nuit folle à taper du pied, il s’est arrêté chez Boudu pour raconter sa vie.



Quentin (dit Pika) vit au Nord-Est de Toulouse dans une colocation avec quatre amis. Coiffé d’un petit chignon arc-en-ciel, et vêtu d’un short qui laisse dépasser deux grands tatouages éclatants aux mollets, ce trentenaire ouvre sa porte, émergeant à peine de la sieste avant sa reprise à 19 heures. En 2019, il quitte Béziers et rejoint son meilleur ami Théo pour démarrer une nouvelle vie dans la Ville rose. Après trois années d’études d’infirmier à Paris et une année de spécialité en puériculture, il peut enfin exercer la profession de ses rêves : « J’ai toujours voulu travailler avec des enfants. J’ai fait de l’animation pour ceux qui sont en bonne santé, et aujourd’hui je suis avec les malades » résume-t-il.


Le jour, le jeune homme est plutôt du genre timide. La nuit, il devient la mascotte officieuse du Bikini. Membre permanent de l’association et label musical de psytrance Chronozone, il jongle entre métro, hosto, et techno (ou devrait-on dire psytrance pour être précis) : « J’adore la musique trance. Je ne renie aucune musique électronique mais celle-ci est plus énergique que la techno classique. Elle me ressemble davantage. Cela explique pourquoi je m’investis chez Chronozone depuis trois ans ». En charge de la réduction des risques au cours des soirées, le jeune homme (que ses amis surnomment Pika depuis qu’il se promène avec une casquette Pikachu), s’occupe sous une petite tonnelle, de mettre des outils de prévention à la disposition du public : « Nous installons nos équipements dans des événements légaux comme des festivals ou soirées en boîte, mais il y a forcément des substances illicites qui circulent », reconnaît-il. Pour éviter les bad trips, Quentin propose pailles, bouchons d’oreille, sérum physiologiques et prospectus sur la compatibilité des substances. D’un tempérament positif et rassurant, il est capable de prendre en charge les teufeurs les plus en proie aux

effets délétères des drogues.


S’il fallait faire un choix entre la fête et l’hôpital, la décision serait rapide, mais pas sans un pincement au cœur : « Les enfants sont tout pour moi, même avec des horaires compliqués et des responsabilités énormes, je ne lâcherai jamais ce travail, même contre toutes les soirées du monde », confie-t-il. En soirée, il n’hésite pas à montrer des photos de lui en blouse. Le soin est sa vocation. Il compte même se l’encrer dans la peau avec une Crocs rose, symbole de son quotidien professionnel. De même, il ne cache pas plus sa vie de fêtard à l’hôpital. « Mes collègues savent que je m’amuse beaucoup la nuit. Ils voient des photos de moi sur ma page Facebook « Quentin Pika Hoop ». Ils sont curieux. Ils ont même essayé le hula hoop lumineux que j’utilise en soirée » se réjouit-il. Heureux d’être cet infirmier dont les enfants se souviennent pour ses cheveux roses et pas pour ses seringues, il clame haut et fort « Je ne me calmerai pas ! J’arrive à gérer les deux mondes sans problème. Je garde la tête sur les épaules, même en costume de bouffon du roi ! »


Bien que très occupé par l’hôpital et la fête, ce doux excentrique trouve le moyen de s’adonner à d’autres activités : « Je fais du hula hoop au jardin du Grand-Rond, du tricot quand je suis de garde, de l’escalade quand j’ai le temps… » Son leitmotiv : ne jamais tomber dans la routine. Son programme pour les années à venir est chargé : voyage à la Réunion pour rendre visite à sa famille, travailler dans tous les services en pédiatrie, retourner dans ses Hautes-Alpes natales… et faire du hula hoop une activité rémunératrice. Mais au fond, ce qui compte pour ce grand enfant hyperactif, c’est de continuer à conseiller les mamans sur l’allaitement le jour, et de distribuer des roule-ta-paille la nuit.

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