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Église Borderouge - Pour une foi

Sébastien Vaissière

On construit peu d’églises en France. Surtout dans notre Sud-Ouest aux racines rad-soc. C’est pourtant bien un lieu de culte catholique qu’on inaugurait ce 15 décembre à Borderouge, quartier neuf multiculturel et multiconfessionnel jusqu’alors sans église. En pleine déchristianisation du pays, la chose ne manque pas de panache. Même l’adresse en atteste : 97 rue Edmond-Rostand.


L’archevêque de Toulouse, Guy de Kérimel, le jour de la consécration de l’église de Borderouge. © Frédéric Scheiber
L’archevêque de Toulouse, Guy de Kérimel, le jour de la consécration de l’église de Borderouge. © Frédéric Scheiber

Toulouse s’est bâchée ce matin d’un ciel gris excessif qui donne envie de passer son dimanche en pyjama. Près de 500 personnes sont pourtant massées sur le parvis de la nouvelle église Saint-Sauveur. Dans l’assemblée, on reconnaît quelques huiles : l’archevêque de Toulouse Guy de Kérimel, le vicaire général du diocèse Hervé Gaignard, le premier magistrat de la ville Jean-Luc Moudenc et le maire de Borderouge Maxime Boyer.

Comme l’église contient à peine le tiers de la foule, on a dressé dehors un chapiteau chauffé. La messe de consécration y sera retransmise sur grand écran dans quelques minutes. En attendant, les fidèles font le tour de l’édifice. Il est rond, bas, couvert de briques rouges, dominé par un clocher minimaliste et lisse qui ressemble au monolithe de 2001 l’Odyssée de l’Espace. Benoît Chanson, qui a conçu l’église avec Pierre Chimits et Mathilde Chanson au sein du studio toulousain Aqui, a visité de nombreuses églises récentes en France et à l’étranger avant d’opter pour ce plan : « En voyageant, on a constaté qu’il est difficile de bâtir une église moderne. Certaines, construites selon la mode du moment, ont mal vieilli. Ça rend modeste. » Sans être furieusement ostentatoire, l’ensemble est parfaitement identifiable, conformément au vœu des paroissiens : « On souhaitait une église visible, confirme Daniel Berrest, membre actif de la communauté. Un lieu qui ne se cache pas et appartienne à chacun, agréable, avec un petit jardin, une salle de réunion ouverte à tous, et un espace pour accueillir les jeunes enfants pendant la messe. » Une façon pour les catholiques d’exister dans ce quartier multiconfessionnel. Une occasion d’évangéliser, aussi, comme le reconnaîtra l’archevêque dans son allocution d’introduction. Malgré la déchristianisation en marche, l’église enregistre ces dernières années un regain de demandes de baptêmes d’adultes et de confirmations. Le diocèse de Toulouse recense 680 000 catholiques et 130 000 chrétiens d’autres confessions parmi le million et demi d’habitants qui le composent.

Le bâtiment principal, tout en rondeur comme on l’a dit, esquisse un mouvement fluide qui tranche avec l’architecture du cœur de Borderouge. Ce coin de Toulouse est un éden pour angles droits. Les urbanistes, probablement inspirés par le passé maraîcher des parages, y ont semé les buildings au cordeau. Rien n’est courbe aux abords du Carré de la Maourine, hors les roues des VélÔtoulouse, les cernes des fumeurs de joints et certains jeunes arbres qui, bien que plantés avec une méticulosité maniaque, ont pris la liberté de pousser de travers. Mémés à cabas et ados à hoodie sont au diapason, qui filent droit d’instinct le long des lignes du dallage. Même les pigeons marchent ici avec mesure, de peur de troubler le PLUi-H.


Messe basse

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