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Quartier : Pont des Demoiselles

  • Dorian Lacour
  • 4 oct.
  • 4 min de lecture

Derrière son image bien ancrée de « beau quartier », le Pont des Demoiselles se révèle un entremêlement de cultures populaires. Le quartier bouillonne grâce à ses associations, détonne par son architecture, et apparait au final comme tout l’inverse d’un cocon bourgeois, à deux pas du canal du Midi.


Pont des demoiselles - © RÉMI BENOIT
© Rémi Benoit

C’est où ?

Au sud-est de Toulouse, entre Côte Pavée au nord et Montaudran au sud, le quartier est longé par le canal du Midi, à l’est.


Travailler les clichés au corps    

Avec 450 élèves, dix professeurs, et huit cours (contemporain, street jazz, modern, classique…) par soir, la Maison de la Danse du Pont des Demoiselles tourne à plein régime. Le bouche-à-oreille faisant son œuvre, le complexe séduit énormément d’élèves… femmes. Car voilà bien un cliché encore chevillé au corps de la danse. « Une maman m’a appelée pour me demander si ça posait problème que son fils vienne aux cours, c’est frustrant », soupire Margaux Dours, la gérante. Pas de quoi démobiliser la prof de danse : « Le regard des autres, au début, c’est compliqué. Mais avec le temps, ça va mieux ! »


Sandrine Salaün et Dominique Léger
Sandrine Salaün et Dominique Léger © Dorian Lacour

Une asso de quartier bien urbaine

L’urbanisme est un moteur de l’association de quartier du Pont des Demoiselles. Il faut voir l’émerveillement de son président Dominique Léger et de sa vice-présidente Sandrine Salaün lorsqu’ils parlent d’une grande enquête sur le déplacement réalisée par l’asso pour s’en convaincre. Le cheval de bataille des deux limiers de l’urbanisme local est la place Roger-Arnaud. « Nous militons depuis des années pour qu’elle soit rendue à ses habitants, en gardant des places de stationnement, bien sûr », avance le président. Et la vice-présidente de poursuivre : « Il manque un salon de thé, ou quelque chose pour s’y retrouver. On aime cette place, mais on n’y reste pas… »



Archives - © Rémi Benoit
Archives - © Rémi Benoit

Aux archives, retrouver la cote    

Le long du canal du Midi trônent les archives départementales. L’ensemble de bâtiments abrite une partie de la mémoire de la Haute-Garonne. Des actes d’état civil aux cadastres, en passant par les écrits déposés en mairie après la crise des Gilets jaunes, tout y est, ou presque. Et pour ne rien gâcher, elles sont « ouvertes, accessibles et gratuites ». Pourtant, les archives ont du mal à attirer les visiteurs (hors scolaires) : 993 lecteurs en 2024. Même si séduire à l’extérieur est compliqué, à l’intérieur des murs le fourmillement reste intact. Ainsi, le traitement et le reconditionnement des quelque 100 000 sacs à procès devrait prendre encore… près d’un siècle.



Le Relais - © Dorian Lacour
Le Relais - © Dorian Lacour

Au Relais, on fait maison

Pour un modèle de mixité sociale dans le quartier, direction le Relais. L’association fondée en 1964 a établi son restaurant d’insertion rue du Japon. Dans son écrin de verdure, le lieu « bénéficie d’un très bon accueil malgré les publics accueillis qui portent parfois les stigmates de leurs parcours », observe la directrice Julie Konarkowski. En plus du resto, le Relais loge des familles, au Pont des Demoiselles mais aussi dans plusieurs sites de Toulouse. Au total, près de 2 200 personnes sont accompagnées. « Nous accueillons des personnes pendant deux ans, parfois moins, et à la fin elles sont en capacité de travailler, de payer leur propre loyer, de faire leurs démarches… », liste la présidente de l’association Marielle Gaudois. Le restaurant, où tout est fait maison, a ses habitués, flânant en terrasse, qui doivent parfois être (gentiment) invités à quitter les lieux. Parce qu’ils s’y sentent simplement bien.



Patrice Couget - © Dorian Lacour
Patrice Couget - © Dorian Lacour

Sa planète terre

Patrice Couget est céramiste, depuis près de 30 ans, dans le quartier. Lors de son installation, dans les années 1990, il aimait déjà la terre, « quand ça n’intéressait personne ». Mais, « depuis quelques années, énormément de jeunes se mettent à la céramique », ne semble plus s’étonner celui qui organise des stages plusieurs fois par mois. Joli pied-de-nez aux beaux-arts, « où la terre n’est plus enseignée ». Patrice Couget apprécie l’ambiance confrérie de son art, le partage avec des passionnés de plus en plus nombreux, et l’attrait du jeune public, qui reste pour l’heure essentiellement féminin. S’il ne parvient pas à dénombrer combien de pièces il a réalisées, le céramiste insiste : « Je fais très peu de séries, c’est de l’artisanat. De l’artisanat d’art. » Un artisanat prolifique, puisqu’à lui seul, Patrice Couget consomme deux à trois tonnes de terre par an.



© Rémi Benoit
© Rémi Benoit

C’est graff beau !

La fresque des Demoiselles a été réalisée dans le cadre du festival Rose Béton, en 2016, par l’artiste espagnol Aryz. Sur la façade d’un immeuble du boulevard de la Méditerranée, à l’angle de l’avenue Saint-Exupéry, elle contemple le pont.





Valérie Bonnet - © Dorian Lacour
Valérie Bonnet - © Dorian Lacour

La MJC casse la voie

Voilà un sacré bout d’histoire(s). Au Pont des Demoiselles, la Maison des jeunes et de la culture (MJC) a ouvert ses portes en 1964, faisant d’elle la plus ancienne de Toulouse. Même si l’heure est aux restrictions budgétaires, pour Valérie Bonnet, la directrice depuis 21 ans, « l’éducation populaire » reste la priorité. À deux pas du collège Anatole-France, la structure attire des jeunes qui « ne sortent pas trop du quartier ». De la Halle de la Machine à la Grainerie de Balma, « on essaie de leur faire voir autre chose ». Pour ouvrir les horizons, éduquer, peut-être s’inscrire dans une destinée brillante. Comme celle de ces deux gamins, passés brièvement par la MJC et qui, quelques années plus tard, deviendront Bigflo et Oli.




Emilion Esnault © DR
Emilion Esnault © DR

4 questions à Emilion Esnault, maire du quartier Pont des Demoiselles


Comment décririez-vous le quartier ?

C’est un quartier très varié, où l’on a à la fois presque le centre-ville, et la campagne.


Quels sont ses points forts ?

La commercialité ! Nous avons de nombreux artisans, de très bonne qualité, qui sont à la pointe de ce qu’ils font.


Y a-t-il quelque chose à améliorer dans le quartier ?

Je pense qu’on peut améliorer le réseau cyclable. C’est d’ailleurs ce qu’on est en train de faire avec les travaux de l’itinéraire cyclable sur l’avenue Saint-Exupéry, commencés il y a quelques jours et qui se termineront en novembre.


Un projet pour l’avenir ?

J’en retiens deux, qui permettront plus de lien social. À Malepère, un équipement regroupant tous les services publics et à Montaudran, une ludothèque et un lieu d’animation pour les jeunes.

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