Le maire de Toulouse est bel et bien le favori de la prochaine élection municipale. D’après l’enquête menée par l’institut de sondage Ifop auprès d’un échantillon de 500 personnes, représentatif de la population de la commune de Toulouse âgée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales, 56 % des Toulousains interrogés sont favorables à la réélection de Jean-Luc Moudenc. Un bon résultat pour le maire sortant, selon Jérôme Fourquet : « On est sur un souhait de réélection nettement au-dessus de notre moyenne nationale qui se situe autour de 45%. Ce chiffre montre que la campagne se présente sous de bons auspices pour Jean-Luc Moudenc qui part avec des positions assez solides même s’il peut se passer pas mal de choses d’ici le scrutin. » Car pour le directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’institut de sondages Ifop, la campagne débute à peine, « toute l’attention ayant été jusqu’alors polarisée autour de la réforme des retraites ». Mais la campagne, plus courte que d’habitude, devrait, selon l’institut de sondage, avantager les sortants et limiter la vague de dégagisme que certains prédisaient : « Lorsque la campagne ne dure pas longtemps, c’est toujours la prime au sortant, plus connu, qui peut s’appuyer sur le bilan de ses équipes, face à des impétrants qui doivent se faire connaitre. » Des impétrants qui présentent de surcroît, le handicap de se présenter en ordre dispersé : « Il y a un problème de lisibilité à Toulouse où il y a une grande diversité de listes concurrentes. Pour qu’un référendum anti-Macron puisse se produire, et qu’il y ait une majorité contre le maire sortant, il faudrait pouvoir agréger la droite, la gauche et l’extrême gauche. Or c’est impossible. »
Dans le détail, on observe que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à souhaiter la réélection de Jean-Luc Moudenc (61 contre 50 %), tout comme les ouvriers/employés par rapport aux CSP+. Plus surprenant, ils sont plus nombreux à souhaiter voir le maire de Toulouse rempiler parmi les moins de 35 ans. L’analyse géographique révèle quant à elle que c’est dans le centre-ville que l’on espère le plus la stabilité politique tandis que seul le secteur 3 (Nord, Barrière de Paris, Minimes…) souhaite majoritairement un changement au Capitole en mars prochain.
Parmi les raisons qui pourraient coûter la victoire à Jean-Luc Moudenc, l’urbanisme et l’environnement figurent en tête parmi les personnes ne souhaitant pas sa réélection. Tout sauf une surprise pour Jérôme Fourquet pour qui les préoccupations des Toulousains ne sont pas très différentes de celles des Français : « S’il y a bien une élection où l’on peut parler d’urbanisme et d’environnement, c’est bien la municipale. Il semblerait que sur ces questions-là, il y ait débat ». Autres thématiques que les sondés jugent sensibles, les déplacements et le stationnement mais surtout la fiscalité avec l’augmentation des impôts. La preuve que les Toulousains n’ont pas la mémoire courte ? Pas uniquement pour le directeur de l’Ifop qui analyse ce résultat à l’aune du climat ambiant : « Depuis un an et le début du mouvement des Gilets jaunes, on parle beaucoup de pouvoir d’achat. Il est possible qu’il y ait, dans l’esprit, de certains, une sorte d’amalgame qui s’opère sur ces sujets-là. » Dernier élément plus surprenant, au regard du qu’en dira-t-on : ce n’est pas pour son bilan en matière de sécurité et plus encore de propreté que Jean-Luc Moudenc pourrait être sanctionné.
Propreté Le constat est partagé par tous, y compris par son premier magistrat : globalement, la ville est (toujours) aussi sale. En cause ? L’incivilité des habitants. Pour y remédier, le maire a mis en place, en 2018, une brigade de la propreté dont l’effet tarde à se faire ressentir. Pour ses opposants, supprimer un ramassage d’ordures comme cela avait déjà été expérimenté dans certains communes de la métropole, n’était pas la meilleure chose à faire pour solutionner ce problème. La question se focalise surtout en soirée avec les débordements nocturnes de fétards et rejoint les plaintes récurrentes de certains riverains contre le tapage nocturne. Le revers de la médaille d’une ville étudiante et festive ?
Augmentation des impôts Le candidat Moudenc s’y était engagé, le maire Moudenc ne l’a pas respecté : les impôts locaux ont augmenté de 15 %, à l’échelle de la commune et de la métropole. Pour pallier la baisse des dotations accordées par l’État aux collectivités, explique l’élu sortant. Ce même gouvernement ayant décidé de supprimer la taxe d’habitation depuis, Jean-Luc Moudenc considère que cette décision est venue compenser l’augmentation des impôts. Ses opposants lui reprochent d’avoir augmenté les impôts pour rien, la qualité des services n’ayant pas progressé. Au contraire des tarifs municipaux qui ont, eux, ont grimpé. Les critiques portent aussi sur la suppression de certaines gratuités, dans les cantines ou les transports pour les retraités.
Environnement Tous les candidats ont bien compris que l’écologie allait être au cœur de la campagne. Ils cherchent donc tous à apparaître plus vert que vert. Reste que dans les faits, la ville est de plus en plus polluée. Comme en 2014, Moudenc mise sur le déménagement à venir du Parc des Expos pour transformer l’île du Ramier en « poumon vert de la ville ». Il promet, en outre, de planter 100 000 arbres à Toulouse dans les 10 prochaines années. Pas suffisant répondent ses opposants qui lui reprochent une conversion écologique tardive et des mesures insuffisantes, notamment pour résorber la pollution atmosphérique. Sous la pression de militants et d’associations qui s’inquiètent pour le climat à l’échelle planétaire, il s’agit aussi de mieux respirer en ville en limitant drastiquement la circulation automobile. Voire les vols à l’aéroport de Blagnac (Archipel Citoyen).
Urbanisme Face à la pression immobilière, Jean-Luc Moudenc avait promis la « densité modérée ». Les habitants l’attendent toujours dans les quartiers. Pour faire simple, ça pousse de toute part dans la ville, comme dans l’agglomération et les réalisations dans les nouveaux quartiers (Montaudran, Borderouge, Cartoucherie) ne font pas l’unanimité. Autre point de divergence : la Tour Occitanie (d’une hauteur de 150 mètres) à laquelle le maire tient absolument pour illustrer l’ambition de Toulouse. Une signature architecturale jugée inutile par ses opposants qui craignent, de plus, une « gentrification » du nouveau quartier autour de la gare Matabiau.
Déplacements La 3e ligne de métro, projet phare de la précédente campagne de Jean-Luc Moudenc, devrait être construite d’ici la fin du prochain mandat. Convaincu de sa popularité auprès de la population, le maire n’a pas hésité a transformer le prochain scrutin en référendum pour ou contre le métro, dans la foulée de l’enquête publique qui a validé le projet. Sans forcément remettre en cause son utilité, ses opposants doutent encore de son financement (2,7 milliards d’euros) et du calendrier du chantier. Autre critique exprimée : ce projet va mobiliser tous les financements, empêchant d’autres investissements urgents dans les transports. Certains militent pour des trains RER, d’autres pour davantage de « déplacements doux » (principalement des pistes cyclables). Les bouchons de plus en plus nombreux sur la rocade, mais aussi en ville, rendent la question de la circulation cruciale à chaque scrutin.
LES RÉSUlTATS COMPLETS ET DETAILLÉS DU SONDAGE