ODYSSUD 19 000 abonnés / 153 093 spectateurs en 2016-2017 / 270 représentations par an / 1ère salle de spectacle publique hors Paris, en nombre de spectateurs
Emmanuel Gaillard, le directeur Depuis 2000, Emmanuel Gaillard tient les rênes d’Odyssud et en conçoit la programmation. Chaque jour, 100 à 200 propositions de spectacles font déborder sa boîte mail et ployer ses étagères. Et chaque année, il ne peut en voir « que » 150, souvent condensés au cours de « weekends marathon » à Paris. « Notre job, c’est de montrer au public ce qu’il aime et surtout ce qu’il pourrait aimer. On veut faire partie des premiers à présenter de nouvelles disciplines, comme le nouveau cirque ou la magie visuelle. Et le public nous suit. Il aime notre généralisme, mais aussi la grande qualité artistique de la programmation. Ce n’est pas parce qu’un spectacle a du succès qu’il va venir à Odyssud. Il y a d’autres salles pour ça. »
Nouveau cirque « Le Slava’s SnowShow est l’un des spectacles les plus marquants. C’est par lui, puis avec Le Cirque Plume (photo), que l’on a commencé à faire du nouveau cirque. C’est l’art du clown dans tout ce qu’il a de plus bouleversant et de plus intime. Le public a suivi, et c’est devenu un axe très fort d’Odyssud. Aujourd’hui, la compagnie québecoise Les Sept doigts de la main est certainement la plus talentueuse. On la programme tous les ans depuis huit saisons. Ils produisent des spectacles juvéniles, urbains, dans l’époque, d’une poésie visuelle et d’une énergie terribles. Le public les suit sans se poser de question. »
Théâtre équestre « Bartabas est venu trois fois à Odyssud, dont un mois en résidence pour concevoir Le Centaure et l’animal. C’est un très grand souvenir. On a vu le bonhomme au quotidien, et il a été fidèle à sa réputation… Un sacré bonhomme, extraordinairement exigeant, qui peut être très agréable comme parfaitement désagréable. Il fait partie de ces gens à part qui sont entièrement plongés dans leur univers de création et qui se creusent la tête pour se réinventer à chaque projet avec une exigence extrême. »
Danse
« La venue du Ballet de l’Opéra de Paris a été un moment exceptionnel. C’est un trésor vivant du patrimoine artistique mondial. Les avoir à Toulouse, c’était délirant ! En tournée, c’est une armée en marche. On a dû construire une nouvelle loge pour pouvoir tous les accueillir. Philippe Decouflé (photo) et Angelin Preljocaj font aussi partie des artistes chéris de cette maison. Contrairement à d’autres chorégraphes, ils continuent, malgré la cinquantaine venue, à nous méduser par la qualité et la particularité de leurs spectacles. Je pense aussi à Batsheva, la plus exceptionnelle des compagnies israéliennes. C’est une claque énorme. Une danse très puissante, très percutante, mais avec beaucoup de fond et de poésie. »
Théâtre « J’admire le travail de Michel Fau (photo). Il est à la fois un très grand comédien et un très grand metteur en scène. Un esthète, un styliste. Il représente le théâtre dans tout son artifice. J’ai de très grands souvenirs avec lui, notamment, dans Nono, de Sacha Guitry. Un régal de drôlerie et de finesse. Nous entretenons aussi des liens très forts avec François Morel, un talent hallucinant de plume, de finesse et de tendresse humaine. Le Bourgeois Gentilhomme de Benjamin Lazar a aussi été un évènement très fort. J’aime le théâtre baroque lorsqu’il restitue les pièces du xviie dans leur esthétique originelle, avec prononciation d’époque, éclairage à la bougie, orchestre, danseurs… »
Musique « En grand amateur de musique baroque, je me suis fait plaisir – et j’ai aussi fait plaisir au public – en programmant William Christie, Jordi Savall… Il y a aussi eu Ahmad Jamal, un monstre du piano. Dans la jeune génération, je pense à l’Amazing Keystone Big Band : 18 jeunes musiciens qui ont inventé un jazz ludique et narratif d’une énergie débordante. Et puis il y a le chœur Les Éléments (photo) et le Collectif Éole, en résidence chez nous depuis 2001 et 1998, et dont nous sommes très proches. »
Il aimerait les (re)voir à Odyssud « Il y a tellement d’artistes que je rêve de programmer ! Si je devais choisir, je dirais le Théâtre Zingaro au grand complet et le Théâtre du Soleil, d’Ariane Mnouchkine. Mais elle ne se déplace que très exceptionnellement. Et quand elle le fait, c’est avec 80 personnes, et il faut reconstituer son théâtre sous un chapiteau. Ce sont des proportions délirantes, et logistiquement, c’est terrible. Il faudrait un mois de spectacle pour espérer amortir les coûts. Mais c’est un rêve qui se réalisera peut-être un jour. Et pourquoi pas faire revenir le Ballet de l’Opéra de Paris ? Dans ce métier, de toute façon, tout est question de patience… »