Agenda culture mai 2025 - Toulouse
- Sébastien Vaissière
- il y a 2 jours
- 4 min de lecture

Afrique fétiche
Le balafon est l’instrument roi de l’Afrique de l’Ouest. Ce xylopahone en bois dur sous les lames duquel des calebasses font office de résonateur est reconnu patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Il en existe des versions rituelles qu’on sacralise en immolant un poulet sur les touches, mais la pratique qu’en a le groupe toulousain Kanazoé Orkestra est plus normative. Elle n’en est pas moins porteuse de sens et de rythme. Créé à Toulouse en 2013 sous l’impulsion de Seydou Diabaté, virtuose du balafon et héritier d’une lignée de griots sambla du Burkina Faso, le groupe sort ce mois-ci un quatrième album. Le balafon s’y frotte vigoureusement aux grooves de l’afrobeat sous un vernis de musique urbaine. Le groupe défend sa création ce mois-ci sur la scène d’Altigone, le même soir que deux maîtres qui mériteraient eux aussi les bonnes grâces de l’Unesco : l’Ibère toulousain Sandoval et le Sénégalais ariégeois Paamath.
17 mai, Altigone, Saint-Orens

Douze Gesù !
Dans l’église du Gesù désacralisée au tournant du siècle et sise rue des Fleurs, douze apôtres de la culture toulousaine (dont Atom Festival, Bel Air, Convivencia, La Petite, La Vadrouille, Noiser, Regarts, Le Taquin et Toulouse les Orgues) courent un marathon de 12 heures non-stop, de midi à minuit. De la pop (Suzanne Belaubre), de l’orgue (Lys Finke), du jazz (RP3) du vocal occitan (Cocanha), de la poésie chantée (Odestân Trio), et les textures sonores mystiques, vibrantes et déprimées de Florian Soulier, alias Zelezna, qu’on adore chez Boudu. À écouter à sa guise pour 5 euros et sans sortie définitive. On en sera.
17 mai, église du Gesù

Affiches fétiches
On aime que les musées innovent. On adore les thématiques alambiquées. Mais rien ne vaut un bon retour aux fondamentaux comme celui auquel le musée Toulouse-Lautrec se livre avec cette expo autour des affiches du maître. Ces totems indépassables, figurant le Paris des caf’conc’, sont célébrés partout dans le monde. Au grand dam de ses concurrents, dont certains rythment le parcours de l’expo, le nabot a vite tué le game. Ses créations aux contours bien définis, aux silhouettes coupées, au trait nerveux, aux représentations crues, au cadrage culotté et aux manières d’estampes japonaises ont synthétisé leur époque, inspiré le graphisme publicitaire moderne et élevé la réclame au rang d’art. Outre la collection maison déjà riche, le musée présente des œuvres empruntées à de grandes institutions parisiennes (Orsay, Arts décoratifs, BNF et Carnavalet). On reverra avec plaisir ce projet d’affiche d’Yvette Guilbert – figure de la chanson du xixe dont la poésie et la gouaille annonçaient Piaf – refusé par l’intéressée en ces termes : « Mais, pour l’amour du ciel, ne me faites pas si atrocement laide ! ».
Jusqu’au 31 août, musée Toulouse-Lautrec, Albi-palais de la Berbie

Lire à la Frêche
Comme Stromae et Christiano Ronaldo, la Comédie du Livre a 40 ans cette année. Ce festival montpelliérain né de l’imagination de Mia Romero, une journaliste du Midi Libre, visait dès l’origine à décloisonner la littérature et à faire prendre le soleil aux libraires, qui en ont bien besoin. Symbole de la culture exigeante et populaire des années Frêche, l’événement constitue un préambule idéal, réjouissant et mainstream au Marathon des Mots toulousain. Depuis l’an dernier, le prestigieux Grand Prix de l’Imaginaire est remis pendant le festival, consacrant la place de la manifestation dans le paysage littéraire national. On attend cette année pour souffler les bougies Maylis de Kerangal, Leïla Slimani, Kamel Daoud et David Foenkinos,
9 au 18 mai, Montpellier.

L’ère des bijoux
La Fondation Bemberg s’offre une première en France pour fêter ses 30 ans : une expo intégralement consacrée aux bijoux de la Renaissance comme miroir de l’époque. On n’a rien vu de tel sur le Vieux continent depuis les années 1980 et la rétrospective Princely Magnificence du Victoria and Albert museum de Londres. Les six sections thématiques dévoilent des pièces rarement montrées au public et rassemblées avec le concours du musée national de la Renaissance – Château d’Écouen. S’il est rare d’admirer de tels joyaux, c’est qu’à l’inverse des autres œuvres d’art, les bijoux peuvent être récupérés, modifiés et remontés au gré des modes, parfois fondus pour éponger les dettes ou sauver les meubles. L’expo explore ce statut particulier du bijou, à la fois signe d’opulence, de pouvoir et marqueur identitaire, dans un écrin renaissance, l’hôtel d’Assézat, qui lui sied à merveille.
Jusqu’au 27 juillet à la Fondation Bemberg - Hôtel d’Assézat

Méchant-pignons
Dans un bouquin qui sort mi-mai chez Grasset, la biologiste toulousaine et chercheuse au CNRS Audrey Dussutour (oui, la mère du blob) se penche sur les champignons. Pas ceux qui sont bons en persillade mais ceux qui sont méchants par définition. Du fait de leur parasitisme délétère, ils changent les fourmis en zombies, déciment des forêts entières ou zigouillent les grenouilles quand ils ne tuent pas tout bonnement les gens par millions. De la vulgarisation scientifique comme cette spécialiste des organismes unicellulaires sait si bien en produire.
Les Champignons de l’apocalypse, par Audrey Dussutour, le 16 mai chez Grasset