À Toulouse, on compte les arbres. La mairie les compte dans le Plan 100 000 arbres lancé en 2020. Les associations les comptent pour limiter les abattages et protéger le patrimoine arboré. Mais, plus encore, ils comptent dans le cœur des habitants. Témoins silencieux des vies de quartier, ils suscitent des émotions, fabriquent des souvenirs, et justifient des combats. Entre politique municipale, mobilisation citoyenne et liens affectifs, Boudu explore de façon parcellaire la place de l’arbre dans une ville en mutation, et en quête d’équilibre entre passé, présent et futur.

Fin 2024, le cap des 70 000 plantations a été atteint dans le cadre du plan municipal 100 000 arbres « Avant le Plan, 3 000 arbres étaient plantés chaque année. Aujourd’hui, nous visons 10 000 arbres par an pour atteindre les 100 000 d’ici 2030 » annonce Clément Riquet, élu en charge des espaces verts. Certains associatifs qualifient pourtant ce plan de « marketing » : « Un tiers des arbres sont plantés par des citoyens, des associations, des collectifs notamment dans le cadre de microforêts. Certains ont même été plantés sur des zones déjà boisées, comme aux Argoulets. Sur certains sites, un arbre sur deux n’a pas survécu. Ces plantations représentent non seulement des êtres vivants, mais aussi beaucoup d’argent. Faire semblant, c’est du greenwashing qui coûte très cher à la Métropole », déplore Cendrine Froment du Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA), fondé en 2019 par Thomas Brail, arboriste-grimpeur qui a récemment fait l’actualité pour son combat contre l’A69. Pour Clément Riquet, ces accusations sont infondées : « Le plan avance. Les chantiers se multiplient. Cet hiver, nous planterons les premiers arbres de la rue de Metz, de la Grande-rue Saint-Michel et de la piste des Géants à Montaudran. Nous voulons que la végétalisation bénéficie à tous les quartiers, pas seulement dans le cadre de grandes opérations, mais aussi pour chaque habitant. Certaines associations refusent ces projets parce qu’ils modifient leur environnement immédiat. Je comprends une certaine nostalgie face à des quartiers qui changent, mais Toulouse est une ville qui bouge ! En tant qu’élus, c’est notre rôle de rendre ces transformations agréables à vivre. »

Protéger les anciens
L’élu assure être « très vigilant sur la préservation des arbres » et rappelle l’existence de la Charte de l’arbre créée en 2019 pour garantir de bonnes conditions aux arbres en milieu urbain. En septembre 2023, la mairie a renforcé son engagement en signant avec les acteurs du BTP et de l’immobilier une Charte de l’arbre et des projets immobiliers. « L’idée, c’est que la question du végétal soit intégrée dès la conception des projets, et non en bout de chaîne », assure Clément Riquet. Cette charte vise également à encadrer les abattages avec plusieurs niveaux de validation.