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Micro-forêts, Annabel Porté

Dernière mise à jour : 8 févr.

3 questions sur un engouement : Annabel Porté, chercheuse en écologie forestière à l’INRAE (Institut National de Recherche Agronomique).


plantation d'une Micro-forêt

Annabel Porté, selon les différents promoteurs des micro-forêts, celles-ci hébergeraient 20 fois plus de biodiversité. Vrai ou faux ?

D’autres chiffres sont encore plus spectaculaires ! Mais comment sont-ils obtenus ? Et surtout, à quoi compare-t-on ? Les méthodes sont opaques quand elles ne sont pas scientifiquement incorrectes : l’une des rares études sur le sujet, menée à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, compare une micro-forêt jeune, un milieu mi-ouvert mi-fermé, à une forêt adulte, milieu fermé, qui héberge, on le sait, moins de biodiversité qu’une prairie. Il faut comparer ce qui est comparable ! Il est certain qu’en cassant du bitume pour y mettre des arbres, on y gagnera. Les arbres rafraîchissent l’atmosphère, fixent les polluants, stockent du carbone. Et oui, la micro-forêt favorise une partie de la biodiversité, mais pas toute : plus une zone est boisée plus il y a d’oiseaux, moins il y a d’insectes pollinisateurs.


Les micro-forêts urbaines sont-elles la solution pour rafraîchir les villes ?

Pour faire baisser la température, il me semble plus judicieux de répartir 400 arbres dans toute la ville, plutôt que de les concentrer à un même endroit, d’autant plus si les arbres y sont en rude compétition et qu’au moins la moitié risque de mourir. Rappelons que le premier effet rafraîchissant d’une forêt est l’ombrage. Or, une micro-forêt est interdite d’accès : l’ombre portée ne profite pas aux populations. Au-delà de ça, il me semble que la micro-forêt urbaine pose un certain nombre de problématiques trop souvent éludées.


Comme le problème d’approvisionnement en plants ?

Oui, par exemple. Certains arbres commencent à souffrir du réchauffement du climat et ne fructifient plus, ou plus autant. En même temps, on est dans une phase où l’on plante massivement, aussi bien en milieu forestier, qu’en milieu agricole (haies bocagères) et en milieu urbain. Les pépinières se retrouvent en rupture de stock et livrent parfois des espèces non adaptées. Le réchauffement climatique induit d’autres questionnements : doit-on à tout prix rester fidèle au dogme de la méthode Miyawaki en ne plantant que des essences locales, avec le risque qu’elles ne s’adaptent pas ? Par ailleurs, la non-intervention humaine me paraît illusoire. Quid d’un arbre qui tombe ? En zone urbaine, on ne peut pas laisser faire ! Et comment gère-t-on le risque d’incendie élevé, si près des habitations ? Les micro-forêts connaissent un tel engouement aujourd’hui qu’il est plus que jamais temps de se poser les bonnes questions.

Annabel Porté

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