Effets sorores
L’Usine, le Centre des arts de la rue installé à Tournefeuille, accompagne pour la première fois la compagnie La Migration, un groupe de femmes acrobates aux inspirations proches du Land Art et au propos résolument « éco-féministe ». Mieux vaut ne pas se fier à la citation du poète John Cage qui figure généralement en tête de leurs notes d’intention « La situation étant désespérée, tout est maintenant possible ».Nul désespoir dans leur cirque-paysage, mais un bain de jouvence et beaucoup d’harmonie.
Cirque Woman weave the land, 19 avril à 19h30sur le parking du Complexe sportif de La Ramée.
Comprend qui veut
En Occitanie le printemps sonne traditionnellement le retour des toros en même temps que celui des hirondelles. Avec deux grands rendez-vous en ligne de mire pour le week-end de Pentecôte : la classieuse feria de Nîmes, qu’on dit toreriste (comprenez qu’on y est davantage attentif aux matadors qu’aux toros), et la rurale feria de Vic-Fezensac, à la réputation toriste (c’est-à-dire encline à bader les toros plutôt que les toreros). Pour préparer dès avril ce mai taurin, on ne refera pas ici le débat des antis et des pros. On conseillera plutôt la lecture de ce livre numérique de près de 1 000 pages qui vient de sortir à l’enseigne de l’Union des villes taurines de France. Le Gersois André Viard, ancien matador devenu journaliste après sa dernière course en 1988, concentre sa science dans ce qui ressemble à une synthèse docte de sa revue Terres Taurines. Tout y passe, depuis l’auroch survivant des extinctions de l’ère quaternaire et ancêtre du taureau de combat, jusqu’aux considérations chirurgicales, photos de plaies un peu gores à l’appui, sur les dégâts causés par les cornadas dans les cuisses des toreros. C’est accessible bien qu’exigeant, touffu, complet et exhaustif. Le titre promet de Comprendre la corrida, mais à l’impossible nul n’est tenu.Une fois l’ouvrage avalé ,à défaut de la comprendre, on la connaîtra mieux.
Comprendre la corrida- André Viard - UVF. À lire ici.
Gratin
Le grand chorégraphe américain John Neumeier, directeur depuis 1973 du Ballet de Hambourg, s’attarde six soirs durant à Toulouse pour confier son interprétation du Chant de la Terre de Malher (créée il y bientôt dix ans au Palais Garnier) au ballet du Capitole. Neumeier a un faible pour Malher. Sa conception de la danse explorant « comment les individus peuvent être combinés, organisés, orchestrés comme le fait un peintre avec sa palette de couleurs » est taillée pour cette symphonie. Une œuvre aux vertus consolatrices (lorsqu’il l’écrit Mahler vient de perdre sa fille Putzi âgée de 4 ans) inspirée de poèmes chinois du VIIIe siècle librement traduits en allemand. Partition exécutée par les solistes Anaïk Morelet Airam Hernández, avec l’orchestre du Capitole, sous la baguette du chef français Nicolas André. 19, 20, 21, 23, 24 et 25 avril au Théâtre du Capitole.
Tube occitan
Bien qu’intégralement chanté en langue occitane, Daphnis et Acimadure (inspiré par une fable de La Fontaine au compositeur narbonnais Cassanéa de Mondonville), fit un carton sous Louis XV à la cour de Versailles. On l’oublia ensuite, jusqu’en 1981 où il connut un retour éphémère sur une scène de Montpellier. Ce n’est qu’en 2022 que le directeur musical de l’Orchestre Les Passions de Montauban, Jean-Marc Andrieu, a tiré définitivement cet opéra baroque de l’oubli en le proposant pour la première fois depuis le XVIIIe siècle dans son intégralité, et interprété sur des instruments d’époque. Il reste de cette aventure un CD enregistré en public au Théâtre Olympe de Gouges de Montauban, et sorti fin 2023. Depuis, l’enregistrement collectionne les récompenses de la presse spécialisée.
Daphnis et Alcimadure - Orchestre Les Passions - coffret deux CD - 25€
Orsay hors les murs
Mecque de l’impressionnisme, le musée d’Orsay délocalise 178 œuvres majeures du genre dans les musées du pays. Il s’agit de fêter dignement les 150 ans de l’exposition du 15 avril 1874 au 35 Boulevard des Capucines, acte fondateur de ce mouvement pictural qui émeut encore le monde. Chez nous, le musée Fabre de Montpellier accueille en grande pompe deux chefs-d’œuvre de Manet (Portrait de Zola et Le Fifre), le Musée Ingres-Bourdelle installe Les Soleils, Jardin du Petit-Gennevilliers et y ajoute un Parterre de marguerites prêté par le musée de Giverny. Le musée Toulouse-Lautrec d’Albi accroche quant à lui deux Renoir (La Liseuse et Portrait de l’architecte Charles Lecœur) et la toile Sur un banc au bois de Boulogne de Berthe Morisot.
Printemps de l’impressionnisme, jusqu’au 9 juin