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« Le rire est un remède à la barbarie » – Véronique Cabut

L’Hôtel de Région d’Occitanie expose jusqu’au 3 juillet des dessins de Cabu, l’icône des années Dorothée et de l’esprit Charlie, assassiné par des terroristes islamistes en janvier 2015. Une exposition baptisée Le rire de Cabu, dont on doit le nom à Riss, et la présence à Toulouse à Véronique Cabut, la veuve du dessinateur.



Véronique Cabut, comment est née l’idée d’organiser une exposition d’une telle ampleur à Toulouse ?  Elle est née à l’automne 2020 quand, en hommage à Samuel Paty, Carole Delga a fait projeter les caricatures de Charlie Hebdo sur les façades des deux Hôtels de Région. Parmi elles figurait un dessin de Cabu. Pour moi, pour nous, pour toute la grande famille de Charlie, c’était un soutien extraordinaire et la marque d’un grand courage, surtout en plein procès Charlie. L’exposition Le rire de Cabu à l’Hôtel de ville de Paris ayant été écourtée du fait du Covid-19, j’ai donc écrit à Carole Delga pour lui proposer d’accueillir l’expo. Elle a accepté immédiatement.


Pourquoi cette expo ?  D’abord pour faire rire. C’est Riss, le patron de Charlie Hebdo, qui a trouvé le titre Le rire de Cabu. Ça sonne juste. Faire rire et aussi réfléchir. On souhaite aussi montrer la diversité de sa palette graphique, du reportage à la Une de Journal. Faire plaisir à un large public et faire vivre le dessin.


Pourquoi Cabu voulait-il faire rire à tout prix ?  Parce que c’était avant tout son métier. Il riait énormément. Son rire était bien particulier. Il était très joyeux. Non seulement le rire fait du bien, mais il reste le meilleur remède à la barbarie. C’est une phrase que je répète souvent depuis le 7 janvier 2015.


Est-ce qu’on est encore Charlie ? L’esprit Charlie subsiste, ses combats aussi. Cette exposition en est la preuve. Tant que Charlie existe, tant que le Canard enchaîné est vivant, la mémoire de Cabu est là.


Vous destinez particulièrement l’expo aux plus jeunes. Pourquoi ? Je suis en train de construire la mémoire de Cabu. Cela se fait par son talent et en parlant aux plus jeunes, notamment à la génération Dorothée qui a connu ses dessins à la télé et à ceux, encore plus jeunes, qui n’ont pas connu cette époque et découvrent Cabu aujourd’hui.


Quel sens donnez-vous à ce travail de mémoire ? J’ai envie de partager le grand dessinateur et l’homme qu’il était. Expliquer qui il était, c’est une manière pour moi de montrer ce qu’on a perdu. Je considère que c’est mon devoir. Je dois le faire correctement, même si je ne me sens pas toujours légitime en tant qu’épouse de. Je connais suffisamment son dessin pour en parler. Et c’est bien ça l’essentiel parce que la star, ce sont ses dessins.


Comment Cabu créait-il ?  Il travaillait énormément. Il s’installait à sa table de dessin à 9h du matin et s’en levait à minuit. Il avait une rapidité de penser. Il partait d’une page blanche et construisait toute une réflexion. Cabu était un grand artiste parce qu’il ne fonctionnait pas comme nous. J’ai eu beau essayer de percer le secret, il ne m’a jamais répondu. Il y avait un côté visionnaire chez lui : il prédisait l’avenir dans ses dessins.


Comment s’est opérée la sélection des dessins de l’expo ?  On a trouvé tout naturellement les thèmes de l’exposition : l’écologie, les présidents, les peoples, les combats féministe, etc. C’était vraiment pour montrer ceux qu’il aimait et ceux qu’il détestait, qu’il n’épargnait pas, comme Johnny Hallyday.


Un personnage préféré parmi toutes les créations de votre mari ? Le grand Duduche, toutes les filles étaient amoureuses du grand Duduche. Il est formidable, il a tout compris.


Cabu avait-il une tendresse particulière pour l’Occitanie ?  Il avait une attache culturelle forte : c’était un amoureux de Charles Trenet, le Narbonnais. On ne passait pas une journée sans l’écouter.

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