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Plants de carrière - La Ferme Intention

Orane Benoit

Avant de s’installer dans la campagne commingeoise, le maraîcher Alban Réveillé a travaillé plusieurs années à Toulouse comme ingénieur informatique, avec La Ferme Intention de devenir paysan.


Alban Réveillé, maraîcher de la Ferme Intention - Photo : Orane BENOIT
Alban Réveillé, maraîcher de la Ferme Intention - Photo : Orane BENOIT

Pour devenir paysan, Alban Réveillé a d’abord suivi des études d’ingénieur en informatique. Un « plan de carrière » inattendu, mais bien réfléchi ! Dès 2005, à la fin du lycée, il rêvait déjà de vivre à la campagne. « C’était encore flou, mais je voulais avoir une activité en lien avec mes besoins quotidiens. Cette idée venait d’un rejet de la société telle qu’elle était. Je me suis construit contre ça en me disant que lorsque “je serai grand” je ferai un métier qui aurait du sens. » Pour financer son projet, il devait d’abord constituer un capital : « J’avais deux options : travailler 10 ans chez McDonald’s pour mettre 50 000 euros de côté, ou faire des études supérieures pour gagner ce montant en quelques années. » Il choisit les études, plus épanouissantes, et offrant la possibilité de changer d’avis. 

Vosgien, Alban s’installe à Toulouse pour son stage de fin d’études en 2010. Il travaille ensuite deux ans comme ingénieur informatique dans une PME, et pour l’Inra. « Le coin m’a plu. J’ai cherché un collectif partageant l’idée de créer un lieu de vie alternatif où habiter et développer mon activité agricole. »

En 2012, il quitte son poste d’ingénieur pour se former aux métiers agricoles. Deux ans plus tard, diplôme en poche, il achète, avec son collectif l’An 01, un terrain de 800 m² à Cazères, et crée La Ferme Intention, dédiée à la production de légumes bio. Convaincu que l’énergie serait l’enjeu majeur à l’avenir, il construit un modèle pour en être le moins dépendant possible : « Qui dit peu d’énergies fossiles dit peu de travail du sol. Et qui dit peu de travail de sol, dit techniques alternatives

de production. » 

Il confie avoir anticipé des difficultés qui ne se sont finalement pas présentées : « J’avais l’impression qu’embrasser le métier de paysan, c’était s’enchaîner à un travail quotidien, et à des conditions de précarité économiques. Finalement, ce n’est pas mon cas. » Depuis quatre ans, le paysan maraîcher travaille essentiellement de janvier à juin, le reste du temps, il est en vacances. Mais tout n’a pas été simple : « Quand je me suis installé, il existait peu de références ou d’outils adaptés à cette manière de travailler. J’ai dû fabriquer mes propres outils, ce qui m’a poussé à apprendre beaucoup de choses en même temps. » Il souligne également la lourdeur administrative du secteur agricole : « Je me sentais armé grâce à mes études et mes expériences bénévoles, mais j’avais sous-estimé le niveau de bureaucratie du milieu agricole. C’est difficile car on doit se soumettre à ces exigences-là, alors que ce n’est pas ce que l’on aime faire et que l’on n’est pas bons là-dedans ! » Il a fallu environ trois ans à Alban pour atteindre un revenu équivalent au SMIC. Depuis, il gagne correctement sa vie. « Le fait d’être installé en collectif n’est pas neutre dans cette réussite. » Le collectif L’An 01, qui réunit une vingtaine de membres (boulangers, maraîchers, éleveuse, travailleurs sociaux etc.), permet de mutualiser les outils, de partager les canaux de commercialisation, et de s’entraider. « On se soutient dans les moments difficiles. Voir les autres rester motivés aide à surmonter les coups de mou. C’est la force du collectif. » Aujourd’hui, avec sa production qu’il vend en direct, le maraîcher fournit une centaine de familles, des EHPAD et des cantines scolaires. Dix ans après, à 36 ans, il ne regrette rien : « Je suis très heureux. Si c’était à refaire, je ne changerais pas grand-chose. »

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